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 Cours de légendes bretonnes

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Annette




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MessageSujet: Cours de légendes bretonnes   Cours de légendes bretonnes Icon_minitimeVen 2 Mar - 4:05

Sauvegarde du 2/03/2007 12:01:17
Lien original : http://forum.lesroyaumes.com/viewtopic.php?t=176789
Nombre de messages sauvegardés : 88
Nombre de messages dans le topic au total : 89


korwen a écrit:
Ma chérie toi qui voulais savoir ou faire tes cours , voila la réponse à ta question ^^ Very Happy
marianne80 a écrit:
Merci Mr le Dirlo^^ :wink:
Pour ceux qui veulent connaitre les legendes bretonnes venez assister a mes cours .
marianne80 a écrit:
Je commence avec cette légende car c'est ma préférée

MARIE-MORGANE

Lorsque la mer fut apaisée, le saint homme Guénolé, servi par le vieux Gradlon, voulut dire une messe pour le salut de la ville engloutie. Alors qu'il élevait le calice, surgit des eaux scintillantes, le torse blanc d'une fille aux cheveux de cuivre, un bras levé au ciel. Une lourde queue d'écailles bleues terminait son corps.
C'était Ahès-Dahut, devenue Marie-Morgane. La main de Guénolé trembla si fort, que le précieux calice lui échappa et vint se briser sur les rochers. La messe ne fut point consommées, Is demeure maudite et Morgane sirène. Chaque fois que se montre Ahès, un orage terrible est bien près de crever.

Un jour, le patron Porzmoger, avait mouillé sa barque en baie. Quand il voulut remonter l'ancre, il ne put parvenir à la décrocher. Il se dévêtit et se laissa glisser le long du filin.
L'ancre était accochée dans las branches d'une croix dorée au sommet d'une église. Des cloche s'ébranlèrent, et il sombra le long de la tour. Par une fenêtre sans vitrail, il pénétra dans une nef illuminée où se pressait une foule fervente, et adossé à l'autel, un prêtre attendait Porzmoger.
Le sacristain quêteur présenta au marin un large plat où s'entassaient des pièces d'or aux curieuses marques : "Pour les chers trépassés". Porzmoger n'avait pas un liard, il secoua les épaules, alors le prêtre ouvrit les bras et se mit à chanter : "Dominum vobiscum" . Puis une grande plainte monta de la nef, où les assistants devinrent cadavres livides et squelettes blanchis.

La princesse vint au pêcheur : "Ne pouvais-tu répondre et cum spirit tuo, Porzmoger ! Tu nous aurais sauvés tous."

A l'instant, il reconnut Marie-Morgane, et sut qu'il était dans Is. Il n'eut que le temps de remonter par la corde des cloches et le filin d'ancrage. A peine avait-il sectionné le filin et hissé la voile, que l'orage fantastique de la sirène creusait déjà les vagues autour de lui.

Et la ville d'Is attend toujours que finisse, enfin, la messe de rachat.


Extrait de Légendes de la Mer de Pierre-Jakez Hélias


Si vous avez des questions n'hésitez pas a me les poser
marianne80 a écrit:
SAINTE TRYPHINE

C'était à Lanmeur, jadis une des vielles villes abbatiales de la bretagne , aujourd'huit un
simple chef-lieu de canton , sur les confis du finistére et des Côtes-du-Nord.
Je venais de visiter l'antique église de Kernitron , située hors de la bourgade, au sommet d'un tertre verdoyant qu'une ceinture de hêtres séculaires enveloppent de leurs puissantsombrages. Il faisait un soir d'été trés doux. Entre de longues bandes de nuées violettes
dormaient des fleuves de pourpre où le couchant achevait de mourrir. Une vieille en cape de laine brune filait sa quenouille. assise sur le parapet de pierre qui forme banc pour les pélerins autour de l'enclos sacré.
"Qui donc,lui demandai-je,est la patronne de Kernitron?"
Elle me dévisagea un instant avec des yeux surpris ; puis jugeant sans doute à mon ignorance que je devais étre étranger , elle répondit d'une voix un peu chevrotante , mais dont le timbre avait des résonances singuliérement pures:
"C'est Notre-Dame,monsieur."
Puis , aprés un silence:
"Il y a beaucoup de Notre-Dame. Seulement il n'y en a qu'une comme la nôtre.
-Ah! fis-je , l'air intéressé.
-De son vivant, elle s'appelait la Reine Tryphina. Si vous voulez entendre son histoire, je puis vous la conter"Je l'en priai , et elle commença.

I

Il y a dans cette paroisse un manoir qui s'appelle Kervouron, du nom du seigneur qui l'habitait aux temp anciens. Ce seigneur était un homme ambitieux et capable de tout pour réussir.
Il alla faire un voyage en Anglettre , dans l'espoir d'y ramasser des richesses , et il fit tant et si bien qu'il finit par être présenté au roi. Or il y avait déjà des années que le roi était malade de la lorgnès , qui est , à ce que j'ai appris , un mal terrible et honteux, quelque chose d'aussi épouvantable que la peste.
"Vous êtes en bien mauvais état , sire , lui dit Kervouron en le saluant.
-Hélas! répondit le roi , j'ai fait venir de tous les pays du mondeles médecins les plus réputés.
Mais ils ne font que hocher la tête et croiser les mains sur leur ventre , en signe d'impuissance.
-Et que donneriez-vous à celui qui vous guérirait, sire? demanda Kervouron.
-Ce que je lui donnerais , Jésus mon Dieu!... Je lui donnerais à l'instant même la moitié de mon royaume et la main de ma fille par-dessus le marché."
Il faut vous dire que la fille du roid'Angleterre était,sans conteste, la plus belle pricesse qu'on eût vu marcher sous le soleil béni.
"Eh bien! sire, prononça Kervouron , je viendrai vous voir.Je n'en dit pas davantage pour le moment."
Et le voilà de de reprnedre la mer , pour s'en retourner en Basse-Bretagne , au pays de Lanmeur.Il connaissait , non loin de son château , une sorcière dont les conseils lui avaient été utiles en plus d'une circonstance.
"Ma commère , lui dit-il , j'ai besiond'un bon avis."
Et il la mit au courant de l'affaire. La sorcière réfléchit quelquesinstants. Enfin elle répondit:
"Je ne vois qu'un moyen de sauver le malade , car je ne sais qu'un remède contre la maladie.
Il faut que vous vous procuriezun enfant noble de six mois , que vous le fassiez rôtir sur un gril et que vous donniez à manger de sa chair au roi.
-Mais où le prendre , cet enfant?
Est-ce que votre soeur Tryphina , la femme du roi Azur , n'est pas sur le point d'en avoir un? Cet enfant remplirait admirablement les conditions voulues, et au-delà, puisqu'il sera noble des deux côtés tant par son père que par sa mère.
-ainsi vous me conseillez...?
-Je vous conseille de décider , dès aujourd'huit, votre beau-frére , le roi Azur , à vous accompagner en Angleterre , sous un prétexte ou sous un autre. Pendant son absence , sa femme votre soeur , ne demandera pas mieux que d'aller habiter votre château de Kervouron , qui est une est une belle résidence , en bon air , et où ,à cause de la proximité de
Lanmeur, elle ne manquera de rien. Elle a une camériste peu scrupuleuse , entendez-vous avec elle. Moyennant quelques écus , vous vous en ferez un auxilliaire domicile , et qui éxecutera vos ordres proctuellement. Il faudra qu'elle laisse croire à la mère que le
nouveau-né sera mort en vennant au monde , qu'elle le fasse élever en secret et qu'elle vous l'expédie en Angletrre avec sa nourrice."
Ainsi parla la sorcière. Et Kervouron de lui obéir incontinent.

II

Huit jours aprés, il s'embarquait pour l'Angleterre, accompagné du roi Arzur, tandis que Tryphina s'intallait avec joie au château de Kervouron. Et, peut-étre sept semaines plus tard , la nourrisson cinglaient à leur tour vers Londres.Quelques incidents signalèrent la taversée , qui montraient bien que ce nourrisson n'était pas un enfant ordinaire.
Par exemple à peine le navire eut-il gagné la haute mer qu'il s'éleva une tempête subite, épouvantable. Vent , éclair , coups de tonnerre. Les matelots se crurent perdus.Ils s'imagièrent que c'était le nouveau-né qu'ils avaient pris avec eux qui leur portait malheur.
"jette ce marmot à la mer, crièrent-ils à la nourrice blottie au pied du mât, sinon nous allons couler tous!
-Jamais je ne ferai cela, répondit-elle. s'il doit être jeté à la mer, je l'y veux suivre."
Elle allait s'y précipiter. Mais l'enfant étendit les bras, et les élements furieux se tranquillisérent aussitôt, comme des chiens battus.
Il se produisit encore un autre miracle. La nourrice était jeune, fraiche et jolie.
Les marins, qui étaient des hommes rudes et à demi païens, complotèrent,parcequ'ils la tenaient à leur merci, d'abuser de sa faiblesse. Un jour, ils lui déclarèrent, en la cernant;
"Que tu veuilles ou non, il faut que tu en passe par où il nous plaira.
-Tout de même, répondit-elle,, vous étes des scélérats sans conscience.Hier, vous demandiez la mort d'un enfant , etmaintenant vous voulez perdre une pauvre femme."
Les matelot s'approchaient dèjà pour la saisir. mais , de nouveau l'enfantétendit les bras, et les trois hommes - ils étaient trois-furent soudain changés en autant de statues de pierre.En même temps , me point s'ouvrait sous eux et il étaient engloutisà fond de la cale.
Cependant le navire , quoi'il n'y eût plus personne pour vaguer à la manoeur,continuait de voguer toutes voiles dehors. En sote qu'il ne tarda pas a arriver en vue de Londres.Notre
Saint-père le pape habitait alors cette ville. Et
justement il était à sa fenêtre,en train de prendre le frais,comme chaque soir, en contemplantla mer.
"Voyez donc, dit-il tout à coup à un des prêtres qui se tenaient auprès de lui, voyez donc l'étrange navire! Point d'équipage , ni capitaine, ni pilote!... Personne à bord, si ce n'est, sur la dunette, une nourrice avec son nourrisson dans ses bras!... Il faut que je m'informe de ce que cele signifie."
Et le pape de se rendre au quai, où le navire, de lui-même,venait d'accoster.
"D'où arrivez de la sorte,bonne nourrice? demandat'il à la fille de Lanmeur.
-Ma foi,monsieur le recteur, répondit celle-ci, qui n'avait jamais vu de pape,j'arrive de bien loin; j'arrive de Lanmeur en Basse-Bretagne, de l'autre côté de la mer grande.
-Eta qui étre cet enfantque vous portez dans vos bras?
-La camériste qui me l'a confié ne m'a point rélélé qu'il était.Elle m'a seulement dit de m'embarquer
avec lui pour Londres et que là je trouverais son père à m'attendre sur le quai.
-Et vous n'avez vu venir personne?
-personne, excepté vous.
- Eh bien! suivez-moi; je veux que ma maison soit la votre et celle de cet enfant.
-Mais, objecta la nourrice,on m'a bienrecommendé de ne remettre l'enfant a son père."
Le pape sourit et dit:
"Remettez-le-moi donc, je suis celui qu'on nomme le saint-père le pape."
Comme bien l'on pense, la nourrice ne se fit pas prier davantage.Or, tandis qu'elle s'acheminait avec le fils de Tryphinavers la maison du pape, Kervouron débouchait sur le quai,mais trop tard.Il ne trouva dans le navire que trois matelot pétrifiés,étendus de leur long de la cale, lesquels étant devenus sourds et muets,
ne purent ni l'entendre ni lui répondre.
Il regagna son hôtellerie , furieux contre sa soeur Tryphina,parce que son enfant lui échappait.Et il jura par tout les démons infernaux qu'il se vengerrait d'elle Comme son beau-frére , le roi Arzur s'avançait à sa rencontre,il prit un air triste , tout désolé,comme quelqu'un qui apporte de mauvaise nouvelles.
"Qu'avez-vous donc , Kervouron? demande le roi , et pourquoi cette mine si longue?
-Il y a , dit Kervouron,que je viens d'avoir des nouvelles de Tryphina,ma souer et votre femme.Des matelots de Lanmeur m'ont raconté sur elle des choses horribles que je rougis de répéter. Dieu lui a envoyé, depuis quelque temp déjà, un enfant mâle, beau comme le jour; mais son premier soin,paraît'il,a été de l'étrangler de ses propres main.Qu'elle ait ou non comis ce crime, toujour est-il qu'on ne sait ce quest devenu
le pauvre nouveau-né.
-Tryphina,une femme si douce et si parfaite,avoiraccompli un forfait si abominable! s'écria Arzur...Je retourne de se pas en Bass-Bretagne.Je convoque les juges et leur livre cette mère dénaturée, pour qu'ils la condamnent selon la loi."
le soir méme, il était en route... Quand Tryphina apprit par le son des trompes et des cors que son mari était de retour, elle courut toute joyeuse au-devant de lui, Mais Arzur, la regardant d'un oeil sévére lui demanda:
" Que n'avez-vous apporté votre fils dans vos bras pour saluer son père?
-Hélas! répondit Tryphina , fondant en larmes , les gens ne vous ont-t'il pas prévenuu qu'il était mort en naissance?
-Vous mentez, mère indigne, car c'est vous qui l'avez étranglé de vos propres main! Hommes, poursuivit-il en se tourne vers ses gardes, empoignez cette femmeet jetez-la en prison..."
Pendant que Tryphina était en prison, elle vit par la lucarne sa femme de chambre qui passait.
"Ma camarade,lui dit-elle , si tu m'aime , donne- moi des hardes de pauvre. Plutôt que d'attendre ici le jugement. J'aime mieux fuir loinde ce pays et mendier mon pain le long des routes"
La servante eut pitié d'elle et lui glissa , la nuit, par la lucarne, les éffets de pauvre qu'elle solicitait. Et Tryphina , ainsidéguisée , sortie de la prison sans étre reconnue du geôlier.
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Annette




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MessageSujet: Re: Cours de légendes bretonnes   Cours de légendes bretonnes Icon_minitimeVen 2 Mar - 4:07

marianne80 a écrit:
III

Elle marcha longtemps, longtemps.
Enfin elle arriva auprés d'une chapelle dont la prote était ouverte. Elle entra , s'assit sur une chaise et s'y endormit de lassitude. La chapelle dépendait du manoir voisin. La dame du manoir étant venue le matin , suivant son habitude , réciter ses prières dans la chapelle, réveilla Tryphina et , voyant sson air de fatigue et ses misérables vêtements ,
eut compassion d'ellen, au point de lui proposer sur-le-camp d'entrerà son service.
"Votre physionomie me plâit , dit-elle.Vous avez la mine humble et douce. Venez , vous serez ma femme de chambre. Vous êtes de loin d'ici apparement, à en juger par votre costume? Quel nom avez vous?
-J'ai nom Marie-Yvonne, répondit Tryphina, qui ne se souciait pas de livrer son nom véritable.
-Eh bien! Maire-Yevonne, suivez-moi; vous ne recevrez que de bons traitement dans ma maison."
Et, en effet, elle eût vécu heureuse dans ce manoirn si elle avait pu oubler combien brutalement s'était comporté envers elle le roi son epoux, qu'elle aimait tant... Sa maitresse ne savait plus se passer de sa conpagnie et rien ne lui était plus agréable que son entretien. Souvent elle lui disait:
"Maire-yvonne, vous avez plutôt l'air d'une grande dame que d'une fille de condition."
Quelquefois aussi elle interrigeait Tryphina sur son passé.Mais celle-ci baissait la tête et se contentait de réponre:
"Je suis une mineur! , voilà tout, une pauvre mineure délaissée n'ayant plus un parent ni proche."
Or, un soir , le pettit page vint annoncer à la dame qu'un grand et beau seigneur demandait à lui parler... L a dame aussitôt de descendre. On entenait le cheval du seigneur piaffer dans la cour. Tryphina s'approcha de la fenêtre pour voir quel pouvait être le visiteur ... Elle faillit se pâmer de saisissement , d'espérance et de crainte tout à la fois en reconnaissant le roi Arzur!C'est que, dans l'intervalle, l'innocence de la reine avait été proclamée.La camériste avait fait des aveux , sans dénoncer toutefois Kervouron , dont elle redoutait le farouche ressentiment.Et le roi , depuis un an, battait les chemises à la recherche de Tryphina. On lui avait signalé la présence , dans le manoir , d'une servante venue on ne savait d'où et qui paraissait avoir eu des malheurs.
"Voudriez-vous , s'il vous plaît , mepermettre de parler à la jeune fille que vous avez pour femme de demanda-t-il à la dame, quand on l'eût introduit auprés d'elle.
-Volontiers , dit la dame. Seulement apprenez-moi d'accord , je vous prie , si c'est pour son bien ou pour son mal que vous êtes venu.
-Pour son bonheur et pour le mien , repartit le prince Arzur , si,du moin , elle consent à ma pardonner les souffrances que je lui ai fait endurer naguère et à ma rendre ses bonnes grâces."
Tryphina fut mandée , et , sitôt qu'elle se montra sur le seiul de la porte , le roi se précipita comme un souppliant à ses genoux.
"Je vous ai soupçonnée à tort, s'écria-t-il , je m'en repens de tout mon coeur et je vous aime plus que jamais."
Voilà donc Tryphna et son mari plus épris que jamais l'un de l'autre. Mais l'odieux Kervouron vint de nouveau se mettre à la traverse de leur félicité.Il était rentré d'Angletrre , furieuw de n'avoir pu guérir le roi de ce pays , ni , par conséquent , obtenir la main de sa fille avec la moitié de son royaume. Et sa haine contre Tryphina n'avait fait que s'accroître par cet échec. Il l'alla cependant voir , s'excusant de s'étre laissé tromper si indignement sur son compte et lui faitsant gracieux viasge,
jusqu'a l'inviter à venir,avec son mari , passer quelques jours dans son château de Lanmeur.
Le misérable avait ses projets.
Tryphina , heureuse de l'amitié que lui témoignait son frère , se rendit à son invitation avec empressement , et le roi Arzur, qui ne voulait plus se séparer de sa femme, l'accompagna.Kevouron cependant dit un matin à deux de ses soldats:
"Voici de l'or et de l'argent à foison, à la condition que vous exécuterez mes odres.Vousn'ignorez pas que Tryphina aime à se promener dans le jardin.Vous irez à elle et vous lui direz que je l'attends dans le petit bois qui est derriére, que j'ai un pressant de lui parler.Vous la suivrez jusqu'au bois,et là, de gré ou de forcen vous l'embrasserez."
Ayant congédié les deux hommes d'armes , il alla rejoindre le roi Arzur.
"Faisons une promenade, lui dit-il. Tryphina est jéà levée: je l'ai vu s'acheminer vers le petit bois qui est derriére le jardin. Nous sommes sûrs de l'y rencontrer."
Ils entrèrent dans le bois juste comme les soldats embraient la reine par traitise.
"Ceci est trop fort , s'écria Kervouron. Comment! ma soeur donne maintenant rendez-vous à des goujats et se laisse embrasser par leurs bouches sales!..."
Quand au roi, il était blème de rage.
"Qu'on enléve cette mauvaise femme de devant mes yeux , commanda-t-il. Cette fois elle n'échappera point au châtiment..."
Les juges la condamnèrent à être décapitée.

IV

Laissons-la pour l'instant dans la prison où elle attend la mort , et retournons en Angletrre. Le fils de Tryphina allait avoir neuf ans. Le pape l'avait fait batiser; mais , à cause de son air noble, on ne l'appellait jamais que Baron bihan (petit baron).Il avait beaucoup grand en force et en sagesse. Un matin le saint-père entra dans la chambre de la
nourrice.
"Le moment et venu, lui dit-il. Préparez un habit blanc à l'enfant; qu'il ait épée à son côté et cheval pour le poter. Il faut qu'il arrive à Lanmeur à temps pour empêcher qu'on ne décapite sa mère."
Le baron bihan ne se tenait pas d'aise , tandis qu'on l'habillait en chaevalier. Lorsqu'il prit terre dans le pays de Lanmeur , le sol trembla sous les sabots de sa monture.
Tryphina , agenouillée , se préparait saintement à recevoir le coup mortel.
C'est alors que le baron bilan parut.
"Ne touchez pas à ma mère , s'écria-t-il , ou vous saurez ce qu'il vous en coûtera!
-Que est ce marmot? dit l'insolent Kervouron.
_Quelqu'un qui est prêt à te prendre mesure , malgré tes dix pieds de haut , païen de malheur!"
Et voila les épées en l'air.Du premier,coup l'enfant trnasperça le ventre de Kervourond'un coup si vehénement que les entrailles sortirent et se répandirent dans l'herbe. A lors le mécréant implora pitié.Il tomba à genoux et fit de ses crimes une confession entière , demandant pardon aux assistants avant de rendre l'âme.Tryphina, à partir de ce jour , vécut heureuse auprès de son mari. Celui-ci , quand elle mourut , lui fit faire de somptueuses funérailles , auxquelles tout le pays assista. Elle avait choisi pour sa sépulture la colline où nous sommes; on lui érigea l'église que voila et qui , en la mémoire d'elle , reçut le nom de Kernitron, c'est-a-dire "maison de la dame", afin que, morte , elle demeurât la grande souveraine de la contrée sur laquelle elle avait régné vivante.


... Tel est le récit que la vieille Jacquette Craz,filandière de son métier et " pèlerine par procuration",aussi souvent que l'on a recours à ses offices , me conta de sa délicieuse voix chantante, à Kernitron de Lanmeur, un soir d'août, comme la nui tombait.

D'aprés Anatole Le Braz

vocabulaire
lorgnès; la lèpre
le recteur; c'est le nom par lequel on désigne en Bretagnele curé de la paroissemineure; les Breton disentune "mineure"(minorez)pour une"orpheline"
marianne80 a écrit:
Si vous voulez rédigez la moralité de l'histoire pour participer aux cours allez y.
Si vous avez des questions allez y.
voila merci
al1 a écrit:
Juste un grand merci mary
marianne80 a écrit:
De rien al1 ça me fais plaisir
condottiere a écrit:
Bonjour gens de Tréguier, comme je m'ennuyais de ma bratagne natale, en effet la forêt noire est moins vivante que la côte bretonne, je suis passé vous faire un petit coucou. Je vous donne la légende de dahut, qui précède celle de Marie-Morgane.


Légende de Gradlon et de Dahut, ou l'engloutissement d'Ys la blanche

Gradlon et Malgven
Le roi Gradlon de Cornouaille possédait de nombreux navires qu'il utilisait pour faire la guerre aux lointains pays du Nord. Stratège hors pair, il gagnait la plupart des batailles et pillait les vaincus. Il amassait les richesses.
Mais un jour, ses marins fatigués de tout ces combats refusèrent d'assiéger un château. Le roi les laissa repartir en Cornouaille, mais lui resta seul dans le Nord. Quand il fut seul il vit une femme rousse. Malgven, la reine du Nord se tenait devant lui. Elle lui dit: "Je te connais, tu es courageux et adroit au combat. Mon mari est vieux, son épée est rouillée. Toi et moi allons le tuer. Ensuite, tu m'emmèneras dans ton pays de Cornouaille."Ils tuèrent le roi du Nord, et enfourchèrent Morvarc'h ("cheval de mer" en breton), le cheval magique de Malgven. Il était noir, crachait du feu par ses naseaux, et était capable de galoper sur la mer). Ils rattrapèrent les navires de Gradlon.
Gradlon et Melgven restèrent longtemps en mer, si bien que Malgven donna naissance à une fille, Dahut, mais la reine en mourut en couches.

Ys
La belle Dahut était passionnée par la mer, et demanda à son père de lui bâtir une cité marine. Ainsi fût fait, et la ville d'Ys, fût construite sur le fond de la baie de Douarnenez. Une très haute digue empêchait l'eau d'y pénétrer, et seule une porte de bronze, dont la clef était en permanence avec Gradlon, permettait d'entrer ou de sortir de la ville. Ys était la plus belle et la plus impressionnante ville du Monde, mais devint rapidement ,malgré les sermons de saint Guénolé, la ville du péché, sous l'influence de Dahut qui organisait des orgies, et avait l'habitude de faire tuer ses amants une fois le matin venu. si bien que Dieu décida de la punir.
Un jour, un chevalier vêtu de rouge vint à Ys. Dahut lui demanda de venir auprès d'elle, et un soir, il accepta. Une tempête éclata en pleine nuit, on entendait les vagues frapper avec violence la porte de bronze et les murailles. Dahut dit au chevalier:"Que la tempête rugisse, les portes de la ville sont solide et c'est le Roi Gradlon, mon père, qui en possède l'unique clef, attachée a son cou", à quoi il répondit: "Ton père le roi dort, tu peux maintenant t'emparer facilement de cette clef".Dahut vola la clef à son père, et la donna au chevalier, qui n'était autre que Satan.Le diable ouvrit la porte de la ville.(Une autre version prétend que ce fut Dahut elle-même qui les ouvrit) Une vague aussi haute qu'une montagne s'abattit sur Ys. Le roi Gradlon et sa fille, montèrent sur Morvarc'h, le cheval magique. Saint Guénolé vint près d'eux et dit à Gradlon:"repousse le démon assis derrière toi!", Gradlon refusa d'abord, mais finit par accepter, et poussa sa fille dans la mer. L'eau recouvrit Dahut qui se transforma en sirène.
Gradlon se réfugia à Quimper, qui fût sa nouvelle capitale. Une statue équestre de Gradlon fut faite, et elle est toujours aujourd'hui entre les flèches de la cathédrale Saint Corentin à Quimper. On dit que les cloches des églises d'Ys peuvent encore être entendues en mer par temps calme. Une légende dit que quand Paris sera engloutie, resurgira la ville d'Ys. Pa vo beuzet Paris, Ec'h adsavo Ker Is. (Par Is signifiant en breton "pareille à Ys")
al1 a écrit:
Beau conte.
Merci
marianne80 a écrit:
Merci Condottiere pour cette Légende
korwen a écrit:
Merci , cependant j'aurais aimé être informé ou du mmoins Emuyl ou moi qu'on avait un second prof de légende bretonne ...
Mais enfin bonpas grave puisque c'est une belle légende Laughing
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Annette




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MessageSujet: Re: Cours de légendes bretonnes   Cours de légendes bretonnes Icon_minitimeVen 2 Mar - 4:11

Emuyl a écrit:
En effet c'est une belle légende.

Mais je vous avoue que messire Condottiere vous devez demander l'autorisation. Que deviendrais les cours si tout le monde mettrais ce qu'il veut alors que nous avons designé des professeurs ?

Je ne vous en veux point vous n'etiez pas au courant cependant c'est à dame Maryanne d'annoncé les legendes. Vous auriez du lui demandé de poster en mettant ps: avec l'aide de condottière.

Faites attention ! Ce message s'adresse à tout les habitants pas uniquement à vous messire.

Cordialement,
Emuyl.
condottiere a écrit:
Oh autant pour moi... Désolé. Prenez ce cours comme une conférence donnée par un professeur étranger invité...
korwen a écrit:
Pour moi il n'y a pas de souci Messire , mais une petite demande au profs ou à la direction aurait tait la bievenue , mais n'en parlons plus Laughing
Emuyl a écrit:
C'est dejà oublié messire :wink:
marianne80 a écrit:
AU VENT DES ILES-YANN-HE-GROK

I

L e ciel est immense. Des stries de nuages s'y balancent doucement comme les sillons des vagues sur la face de la mer.Les brumes matinales se sont levées. Et voici monter des eaux trégorroises des monstre inattendus. Ce sont les îles- soeurs, au nombre de sept, chiffre fatidique. Elle se survent à la file, semblent nager comme en procession l'une derrière l'autre. La grande Tomé, plus voisine de la terre , surveille, dirait-on, leurs ébats avec des yeux indulgents, d'aïeule. Quand aux jeunes îles, elles s'aventurent hardiment au large. Elles sont blondes, sous le soleil, du blond soyeux et délicat des cheveux d'enfants en Bretagne. Derriére elles, trés loin, tout au fond de l'horizon, le phare des Triagoz pointe comme la houlette d'un pasteur des flots. Autour de notre barque, la mer donne l'impression d'un pré mouvant, tant elle est couverte de géomons, d'algues, de longues herbes étranges, de lianes marines.
Une croupe de bête préhistorique, le queue mince, quasi rattachée encore au continent, la tête plus monstrueuse que le corps et tournée vers le large, telle et Tomé. On l'appelle en breton Taféak. Un gazon foisonnant, roussi au vent de mer, lui fait un pelage de fauve.
J'y dèbarque seul, par ce clair matin d'août. C'est une exquise sensation que celle du dèpaysement absolu... quand on siat qu'il ne doit pas trop durer. Il me revient du fond de mon enfance, le rêve, qui me fut si cher autrefois, d'une vie à la Robinson. L'île est dèserte ou paraît l'être. Dèserte d'humain, s'entend. Car elle est toute peuplée d'oiseaux marins ; près de moi, une troupe de goèlands sèchent sur une roche leurs ailes éployées ; à un mouvement que je fais, ils s'envolent, mais sans hâte, d'un essor graven comme des gens polis qui se lèveraient à l'approche d'un étranger.
On dit en Bretagne que les goèlants vivent très vieux. Ceux-ci ont l'air de patriarches, avec leur ventre blanc et leurs allures solennelles. Ils devraient être déjà de ce monde lorsque saint Kirek, venant d'hibernie, aborda en ces lieux, Ils l'ont vu arriver dans son auge de pierre, tendant au-dessus des eaux, en guise de voile, un pan de son manteau de bure. Je n'ai rien de commun avec saint Kirek, hélas! si ce n'est d'être un des derniers fils de sa race proscrite, un des derniers songeurs que hante encore le spectre mélancolique du passé. J'imagine pourtant qu'au lendemain de la tempête saxonne il dût, en prenant terre aux gr_ves de Taféak, éprouver quelque chose d'analogue à ce que je ressens : ce repos, cette fraîcheur soudaine qui détend l'âme et qui l'embaume toute, au contact d'un pays vierge, ce grand silence, ce calme de l'isolement qui s'infiltre en vous comme un bien-être mystérieux...
J'escalade des rochers, je franchis un haie d'épine sauvage, et me voilà au milieu d'un beau champ de blé ! Il y a donc des hommes ici ?...
Un sentier battu longe le côte, un petit sentier de corniche. Les hauts épis, lourd de grain, me frôlent au passage. Au bout du champ, un échalier. Je suis dans une cour jonchée de bouses et de goémons. Assis sur un tas de fougères fraîchement coupées, un enfant dépouille un congre. L'énorme anguille traîne à terre, écorchée à demi. Ma présence ne dérange en rien le gamin, qui continue en paix sa besogne sanglante. Je lui demande en Brezonnec :
"Gars, c'est toi qui demeure en cette maison?
-Oui, avec mon père et mes deux soeurs. Ma mère est morte."
C'est à peine s'il a levé les yeux.

II

La maison est en galet de grève cimentés d'argile ; un toit de vieilles ardoise brodées de lichens grisâtres qui ressemblent à des cristallisations ; une porte basse, une lucarne munie d'une barre de fer dentelée comme une crémaillière. ça et là, devant la façade, des outils de labour pêle-mêle avec des engins de pêche.Une grande belle vient d'apparaître sur le seuil. Elle m'a entendu parler breton à son frère, elle m'accueille avec une rudesse aimable.
"Entrez hardiment. Vous trouverez escabeau pour vous asseoir."
Tout ces intérieurs de Basse-Bretagne ont le même étrangeté. Il y règne je ne sais quelle ombre religieuse où l'on a peine d'abord à s'orienter, tant est pâle et discret le mince rayon de lumière que laisse filtrer l'unique fenêtre. C 'est une obscurité bleuâtre, une atmophère nocturne de rêve ; les choses n'y ont ni contours ni formes. Seul une statue toute neuve, une vierge en plâtre, d'un blanc cru, fait une clairté au fond de la masure. Cela vous donne l'impression d'être dans un oratoire, dans un de ces sanstuaires moisis du pays armoricain, qui ne s'ouvrent qu'une fois l'an, le jour de fête patronale.
La grande fille qui m'a prédédé époussette du coin de son tablier un des bancs de l'âtre. Je m'y installe. La conversation s'engage. Tout en allant et venant à travers la maison, en dressant le couvert pour le repas du matin, mon hôtesse m'apprend qu'elle a nom Rose Kervégan, et que depuis des générations les Kervégan sont fermier de l'île.
" Autrefoisn dit-elle, nous étions à l'aise, et rien ne manquait chez nous, ni la viande de boucherie, ni le cidre, ni même le bon vien, à ce que nous a conté père. Il a connu ces temp-là, etil s'en souvient, quoiqu'il fût alors plus jeune que mon frère Yvic. Aujourd'huit nous ne sommes plus que des gens de misère. C'est le train du monde. Mais il y a toujours un morceau de pain et une écuellée d'eau clairs pour le passant. Mon père et ma Monna ne vont point tarder. Vous mangerez avec nous, si le coeur vous en dit.
-Je ne demande pas mieux, mais que tout soit en commun."
Je vide sur la table les provisions que j'ai apportées de la "grande terre" et dont je croyais déjeuner seul dans quelque recion de Taféak.
"Ho ! ho ! s'écrie le fille, vous étes un mangeur de pain blanc, vous ! Du reste, cela se voit à vos habits. Si j'avais prévu que vous eussiez le bissac si bien garni, je me serais donné garde de vous convier à notre repas de pauvre.
-Vous auriez eu tort..."
Le père vient d'entrer. C'est un homme de haute taille, aux traits énergiques, aux yeux très doux et presque enfantins: une figure de fourgan placide. Il ne paraît nullement surpris de me trouver là.
"Beautemp, n'est-ce pas ? dit-il du ton naturel, et comme si ma présence sous son toit était chose coutumière.
-Superbe, en vérité."
Il n'y a pas de glace a rompe. Nous causons déjà comme de vieux amis.
Monna, une filletteà peau brune , aus yeux aïgus et surnois tout ensemble, jette à poignées dans la marmite des crevettes qui frébrillent encore. Yvic, le garçonnet, fait une entrée triomphale d'Hercule enfant, ses deux poings retenant la gueule du congre jeté en travers sur son épaule, le corpployant sous le cadavre du monstre frais écorché, tout heureux de montrer sa force devant un inconnu. Brusquement il lâche la bête, la contemple un instant, allongée à terre, puis prend plaisir à l'enrouler pplusieurs fois sur elle-même, comme un agrès sur le pont d'un navire.
La belle Rose me désigne ma place-la place d'honneur-au bout du banc, près de la fenêtre. J'ai rarement déjeuné d'aussi bon coeur. Par instans, de grande vols d'oiseaux blancs passent dans le champ de la lucarne. Des mouches dorées bourdonnent dans les plis des petits rideaux retenus par de minuscules embrasses. A la cloison de bois brut, en face de moi, s'effiloque une vielle image où se voit le boudédéo, le juif errant, enjambant des villes et des fleuves, et où se lisent encore quelques couplets de sa complainte bretonne.
Mes yeux se sont habitués aux douces ténébres qui emplissent la piéce. Je distingue çà et là des cadavres de meubles, un bahut croulant, une gaine d'horloge dont le balancier dort immobile, un lit enfin, le seul visible. Les yeux en trous de vrille de la taciturne Monna ontsuivi mon regard.
"Le "monsieur" dit-elle en s'adressant à son aînée, s'étonne de ce qu'il n'y a qu'un lit dans la maison. Il ne sais pas qu'Yvic et le père couchent sur varech dans le grenier.
-Oui, continue Job Kervégan, le chef de famille, et moi y dormons plus souvent de jour que de nuit. Vous n'êtes ni gabelou ni employé de la régie, je peux bien vous farie cette confidence. Vous-voyez, c'est pour les pauvres gens de la côte que le bon Dieu a créé la nuit. Sanselle, je me demande ce que nous deviendrions. Comment voulez-vous qu'on vive avec quelques boiseaux de blé et cinq ou six cents pommes de terre? Heureusement la mer est là. La mer est la pourvoyeuse de ceux qui n'ont que leurs bras, leur fiam et leur misére. Elle nous donne, bon an, pas mal an, quinze douzaines de homards que les filles vont vendre à Perros. Mais elle set surtout la "mère aux épaves". Les épaves, c'est notre vraie moisson. Vieux bois, vieux fer, cela de transforme en beaux écus. La récolte dure toute l'année, depuis l'heure où s'allument les phrares, les feux de nuit, jusqu'à celle où l'aube commence à poindre. Par exemple, il faut y mettre sa peine. Gare aux douaniers ! Ces oiseaux du "gouvernement" se tiennent perchés au haut des falaises. Ils sont toujoursprêt à s'abbattre sur vous, comme des cormorans sur une proie. C e n'est pas que je leur en aie rancune. Ils font leur métier; ils gagnent leur pain à leur façon , comme nous le nôtre. Mais notre façon à nous est plus dure. Ah ! il n'ne était pas ainsi du temp de ma jeunesse ! ... Puisque vous avez habité Penvénan, ôtrou, vous avez dû entendre parler de Yann-he-Grok?
-Certe oui.
-Vous voyez en moi le dernier survivant de ses treize fils."

III

En disant cela, Job Kervégan, à qui j'ai tendu une gourde de rhum, s'en verse une pleine rasade et l'avale d'un trait. Ses yeux brillent d'un orgueil naïf. C'est sa noblesse à lui, cetteparenté avec le pirate le plus ingénieux, le plus jovial, le plus férocement drôle dont on s'entretienne aux veillées d'hiver en ces parage. Si j'ai entendu parler de Yann-he-Grok ? Il a été le cauchemar de mes sommeils d'enfant. Aujourd'huit encore, quand il m'arrive d'être distrait par le crachement sourds d'une charrette qui passe au loin, dans la nuit, je me souviens aussitôt de ce Croquemitaine bas-breton, j'evoque mes terreurs d'autrefois dans la grande chambre de Penvénan, et je me dis:
"C'est le chariot de Yann-he-Grok."
Si l'on m'avait consulté hier sur l'authenticité du personnage, j'aurais probablement répondu que Yann-he-Grok, comme Yann-ann-od,Yann--he-vaz-houarn et tan d'autres Yann, ou grostesques ou malfaisant, devrait être une figure de légende, le type mythologique du "fraudeur", tel que l'avaient pu rêver des imaginations de vieilles femmes sur le littoral armoricain. Eh bien ! non : Yann-he-Grok a existé, Yann-he-Grok a une histoire que je vais connaître, et c'est son fils qui va me la conter. Benie en soit Notre-Dame de bonne Fortune, qu'on invoque à Confort en faisant tourner sa roue garnie de clochettes ! j'éprouve l'émotion ingénue d'un chasseur qui, sorti pour une simple promenade, voit tout à coup un lièvre magnifique venir se jeter affectueusement dans ses bras.
"Comment ! vous étes le fils de Yann-he-Grok ! buvons à sa mémoire, Job Kervégan ! Mais dites-moi, est-ce bien vrai tout raconte de lui ? "
J'ai visé juste: j'ai piqué au vif mon interlocuteur.
"Les "terriens", ôtrou, racontent son histoire, mais ils n'en ont jamais eu que les miettes. Venez ! Quand je parle de lui, moi, il me faut de l'air.

Au sortir de la maison, c'est un éblouissement.
Tout flambe dans la lumière intense de midi. La mer, le ciel, de l'or en fusion ! L'île flotte là dedans comme un lingot gigantesque. Le continent, vers le sud, semble un fumée lègére, volatilisée. Il fait trés chaud, avec de grands souffles frais qui passent de temps en temps et vous épongent.
Nous grimpons un raidillon. Les oiseaux blanc tourbillonnent au-dessus de nos têtes. On se croirait au flanc d'un Sinaï , ou mieux de l'Horeb, le buisson ardent brûlant là-haut. C'est l'heure de la basse marée. D'immenses prairies jaunes s'étalent à nos pieds, à perte de vue.Les grèves paraissent toutes frissonnantes de colzas en fleur. De toutes part monte une odeur âgre, singulièrement forte, et vivifiante, et saine. Les gars Yvic, vautré dans l'aire, entonne d'une voix aïgue, d'une voix de courlis, une chanson sauvage aux finales mélancoliques, qui se doit entendre à des lieues. Les paroles mêmes ont une surprenant netteté.Elles arrivent jusqu'a à nous, élargies par le milieu sonore, et cependant trés precises:

Tudo ia ouanc, deuz ar bord-all,
Marc'heus c'hoant da ziski dansall,

N'ho peus met disken er Porz-Gwenn;
Eno man mestr ann danserienn.

Ha bep zul da noz, goude coan,
Ve ann danso en Crec'h-Monrvan.

"Cette chanson que vous écoutez, me dit Job Kervégan, a été faite par mon père à son ami Noël Kerleau. Ce n'est pas pour le vanter, voyez-vous, mais cet homme-là avait tous les dons, s'il avait voulu, Yann-Ar-Guen, le grand rimeur, n'eût été qu'un enfant de choeur auprés de lui. Mais il avait bien d'autres choses en tête ! ..."

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Annette




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MessageSujet: Re: Cours de légendes bretonnes   Cours de légendes bretonnes Icon_minitimeVen 2 Mar - 4:12

marianne80 a écrit:
IV

Nous sommes parvenus au point culminant de l'île. Le merveilleux décor ! Un archipel groupé harmonieusement et comme de nobles attitudes ; la mer retirée tout au fond du ciel, suspendue très haut dans le lointain, ainsiqu'une grande moire d'or ; à droite, à gauche, des promontoires lumineux, l'un d'eux portant en croupe un sanctuaire dédié à Notre- Dame de la Clairté.Ca et là , des sémaphores, maisonnettes blanches aux toits blancs, accroupis comme des roufs de navire au pied de leurs mâts ; dans une anse, au milieu d'un fouillis de verdure, le bourg de Perros-Guirec, des bleus clairs d'ardoises, un clocher de granit rouge pointant au-dessus.
Nous nous asseyons dans l'herbe courte et drue, dans cette herbe des îles qui ne vernit jamais, qui grisonne, l'hiver, comme une chevelure de vieeillard et se reprend à blondir, l'été comme des frisons d'enfant. La terre chauffée exhale une tiédeur douce et qui sent bon. Des houppes d'un rose délicat et pâle, les fleurs d'une espèce de trèfle marin, émaillent autour de nous le gazon.
Job Kervégan a bourré sa pipe. Il a aux lèvres un léger fil de bave comme on voit pendre aux fanons des boeufs.
Il raconte d'une voix lente, avec des pauses, de soudains silences, des recueillements pendant lesquels ses yeux se voilent, comme repliés dans le contemplation de ses souvenir.
C'est un poème, une épopée d'une majesté tour sauvage et grotesquen, que cette histoire de Yann-he-Grok. J'en veux fixer ici quelques épisodes, avec le regret toutefois de ne les point transcrire dans la langue même du "fermier" de Taféak. En pareil cas, ce n'est pas seulemnt le récit, c'est encore l'accent du conteur qu'il faudrait pouvoir rendre.
"Il doit y avoir de ceci environ quatre-vingts ans, ôtrou.
"Notre famille habitait à Trômeur, là-bas, dans la grande terre, un moulin à vent dont les ailles tournent encore. Mon aïeul était meunier de son état, mais il était surtout fraudeur par vocation, et aussi par besoin , car la maisonnée était nombreuse. Quand il se rendait chez ses pratiques, dans sa petite charretteattelée d'un bidet de Cornouailles, il était bienrare qu'il ne transportât quelque ballot de marchandise prohibée, dissimulé sous les sacs de farine. Mon Dieu, il ne faisait en cela que suivre la mode du temps, car les meilleurs familles de la contrée se livraient alors à la contrebande. Je pourais vous citer ds noms de riches, en honneur dans le pays, dont le fortune n'a pas d'autre origine. Mais ce n'est pas de quoi il s'agit. Les "maltôtiers" (douaniers) surveillaient d'un oeil méfiant le meunier de Trômeur. Lui plaisantait volontiers avec eux,étant jovial de son naturel, et volontiers leur payait chopine, alors surtout qu'il venait de leur jouer quelque bon tour.
"Un soir, il prit à part mon père, qui était le plus jeune de ses enfants et n'avait pas encore fait sa prémière communion.
"-Yann, lui dit-il, j'ai dû laisser dans les pièrres de Bruk, sous le rocher de la Jument, un sac de tabac fin. Va flâner de ce côté, à la nuit tombante,et tâche de rapporter le sac. Mais vielle bien aux gabelous !
"Au "trouble de nuit", Yann dévala vers la grève. C'était déjà un garçon futé, quoiqu'il n'êut pas encore dix ans. Voyant venir un douanier qui allait prendrre sa faction dans ces parages, il se mit à muser de roche, faisant mine de chercher des patelles. Il arriva ainsi jusqu'à la Jument, cette grosse pierre que vous apercevez d'ici. Le sac était lourd. Yann se disposait à le trainer entre les galets, quand le douanier, qu'il croyait loin, surgit tout à coup derrière lui:
"-Ah ! maudit avorton, je t'y pince ! Cette fois, nous la tenons, l'engeance des Kervégan !
"Au lieu de fuir, l'enfant s'était couché sur le sac, s'y cramponnait des deux poings. Le gabelou avança la main pour lui faire lâcher prise. Yann la lui mordit jusqu'au sang, de ses dents aiguës comme celles d'un blaireau.
"-Malédiction rouge ! hurla l'homme ; et, dégainant son sabre court : Tu lâcheras cependant, vilaine vermine !
"Le poignet de Yann fut presque tranché du coup. Le gabelou emporta le sac, laissa là le garçonnet évanoui. Celui-ci ne revint à lui qu'à la mareé montante, quand déjà les vagues lui léchaient les joues.
"Il eut juste assez de force pour rentrer à Trômeur avec sa main pendante, qui saignait tout le long du chemin."

la suite a suivre...
désolé j'ai manquer de temp
marianne80 a écrit:
La suite du cours d'avant

V

Comme au temps où le petit Yann eut le poignet à demi coupé dans la grève de Bruk, la mer monte par douces saccades, ou plutôt semble descendre vers nous du fond mystérieux de l'horizon. Le flot envahit les grandes prairies dorées avec une lenteur mesurée et, en quelque sorte, rytmique. Il balance les algues, redresse les goémons, promène sur les végétations marines sa belle ondée calme et reparatrice. Ah ! ces gouttes de sang tombées de la main de l'enfant breton, la mer les a bues, comme bien d'autres. Qui sait pourtant si ce n'est pas elles- et non les varechs - qui font là-bas, ces larges taches rousses ! ...
"Mon père, ôtrou, en resta manchot, après une fièvre dont il faillit mourir. On pensa son moignon avec de l'eau de mer. Plus tard, on commanda pour lui, chez le fourgeron de Trélévern, le fameux croc auquelil doit son surnom."
Il va sans dire que Yann-he-Grock grandit dans la haine des gabelous. La vengeance qu'il tira, jeune homme, du douanier qui l'avait mutilé, enfant, mérite d'être relatée.
Ce douanier s'appelait liscoat. Peu après l'aventure du coup de sabre, il avait quitté le pays. Des années se passèrent. Un beau jour, on apprit son retour au Port- Blanc avec le grade de brigadier. Yann fut le premier prévenu. Il donna rendez-vous à quelques compagnons, et le brigardier Liscoat fut enlevé par une troupe de solides gaillards, une nuit qu'il faisait sa ronde entre Roch-ann-Nik et Treztêl. On le transporta, ligoté de cordes neuves, au moulin à vent de Trômeur. Kervégan, l'aïeul, était là qui fumait sa pipe à l'angle du foyer.
"Ha ! ha ! c'est toi, monsieur Liscoast, dit-il avec sa bonne humeur goguenarde. Sois le bienvenu chez les meuniers."
Il alla à son armoire, en tira une vielle bouteille d'armagnac provenant d'un naufrage et en remplit un verre qu'on fit boire de force au gabelou.
"Maintenant, Yann, fait à ton gré. Il est assez lesté. Tu peux lui donner de l'air."
Le malheureux fut attaché à une des ailes du moulin, et, toute la nuit, les ailes tournèrent, promenant dans l'espace, de leur grand geste de roue de torture, gémissante et sinistre, le cadavre du brigadier. On le retrouva le lendemain, très loin de là , dans une lande.
On attribua sa mort à une congestion, et, ajouta Job Kervagan d'un ton paisible, "l'état fit une pension à sa veuve".

Yann-he-Grok, dans les récits de son descendant, apparaît comme un génie même de la contrebande bretonne. Il a des inspirations qui déconcertent. Fils d'une race supertitieuse, supertistieux lui-même en ses moelle profondes, il exploite la surperstition d'autrui, s'en fait un précieux auxiliaire. Poète, créatuer de mythes, il imagine des légendes terrible, qu'il lâche comme une meute, pour, pour en écarter le passant, à travers les chemins que suivent d'ordinaire ses convois de marchandises. Il les colporte en personne, il les propage, Il feint d'en être le premièr épouvanté. D eqs rouliers, le souper mangé, devisent devant le feu, dans l'auberge. Tout à coup la porte s'ouvre d'une poussé brusque. Yann-he-Grok entre, pâle, défait, les cheveux en désordre :
" Au nom de Jésus-christ et de la Vierge, logez-moi ! Pour rien au monde je ne retournerais ce soir à Trômeur."
On s'empresse, on l'entoure. Les questions pleuvent. Une vague angoisse se lit d'avance sur toutes les physionomies, l'attente de l'extraordinaire, le frisson du surnaturel. Ce n'est pas trembleur que Yann-he-Grok. Pour qu'il soit ému à ce point... Le champ est ouvert aus suppositions les plus folles. Et qu'il en profite habilement, le satané luron, ménageant l'intérêt en artiste consommé ! "Volà. Je m'en revenais tranquillement de Kerbeulvenn, où j'avais été toucher le prix d'une mouture. Soudain, arrivé prés de la croix du Logellou, j'entends des cris, des appels, des plaintes. Je regarde, je ne vois rien.
"Une voix s'éleve plus distencte :
" -Yann ! Yann, t'es souliers sont dure. Ne marche pas sur nous, tu nous fais mal.
" En même temps, je sens une cuisson, comme si j'avais le feu aux jambes. Je me jette de côté, dans la douve. Et alors... Vous me crorez si vous voulez.. alors je vois de petites flammes blanches courir sur la route et tourbillonner comme les feuilles mortes au vent d'orage. A u milieu de chaque tourbillon, une forme humaine se tordait ; et c'était toutes ces apparences d'hommes ou de femmes qui poussaient les gémissements et les cris.
"Je dois êtr blême, n'est-ca pas ? Tout à l'heure je ne sais, en vérité, s'il me restait une seule goutte de sang vivant dans les veines. Je marchais du pas d'un somanbule, me déchirant aux ronces des talus, me cramponnant aux ajoncs, tellement je défaiilais fermant les yeux pour ne p point voir et voyant tout de même, poursuivi tout le long du chemin par une affreuse odeur de chair roussie. Tenez, je la sens encore. Mes vêtements en sont imprégnés..."
On venait le flairer à tour de rôle. Et il trouvait qu'il sentait, en effet, cette odeur de purgatoire !...
Dés lors, comme bien vous pensez, le chemin où Yann avait eu de ces visions horribles était classé parmi les routes suspectes, celles qu'un chrétien ne fréquente plus aprés certaine heure de nuit, sous peine d'être frappé par la follie ou par la mort. Les douaniers eux-mêmes, Bretons pour la plupart, partageaient le sentiment générale à l'égard de ces voies hantées et s'en tenaient, autant que possible, à bonne distance. En sorte que les fraudeurs y pouvaient circuler librement, en toute toute sécucurité, protégés qu'ils étaient par la superstition , la plus efficace des sauvegardes.

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MessageSujet: Re: Cours de légendes bretonnes   Cours de légendes bretonnes Icon_minitimeVen 2 Mar - 4:15

VI

" Vous a-t-on raconté le " tour du cercueil", ôtrou ?"
Ah ! elle est merveilleusement imaginée, cette histoire. Un lougre anglais avait débarqué à la côte, au fond de l'anse de Pellinec, un fort stock d'objets de contrebande, du drap, des dentelles, des ballots de tabac, des barils de rhum. Il importait de mettre tout cela au plus vite en lieu sûr et de le transportait à la Roche-Derrien, où l'association avait son principal entrepôt.
Or, la Roche-Derrien est trois lieues de Pellinec. De plus, on perdait un temp précieux si on s'en tenait, en cette circonstance exceptionnelle, à la pratique ordinaire, qui était de suivre de préférence les sinueux lacis des sentiers de traverse, anfin de mieux dépister les gabelous. D'autre part, la grand'route offrait bien des dangers. La surveillance y était active, continuelle. Enfin, quel moyen de transport enployer ? Le plus expéditif était certainement le charrette. Cela permettait de ne pas faire qu'un voyage, de tout emporter en bloc. Mais c'était aussi courir le risque le se faire arrêter au premier kilomètre et de laisser toute la cargaison aux main de la maltôte. On se réunit en conseil, l'affaire étant d'importance. Chacun ouvrit un avis. Qunad tous eurent parlé, Yann-he-Grok sourit doucement. C'était signe qu'il avait trouvé le vrai joint. La proposition qu'il soumit à l'assemblée fut accueillie par des hourras d'enthousiasme. Il faut dire que c'était une idée de génie.
Le jour même elle fut mise à execution. Yann-he-Grok se rendit au bourg de Penvénan et seprésenta chez le menuisier le plus cossu de l'endroit.
"Camarade, dit-il, je suis venu te commander un cercueil.
-Il y a donc quelqu'un de mort dans les environs ?
-Ma foi oui, et le plus bel homme du quardier. Aussi faut-il que le cercueil soit de grandes dimensions et construit en planches solide.
-Qui est-ce payera ?
-Je suis charge de faire les conditions et de verser l'argent. Le mort commence à sentir mauvais ; on voudrais que le mise en bière pût avoir lieu avant la nuit.
-Où devrai-je envoyer le cercueil ?
-Des hommes le viendront prendre à la brune, si toutefois tu es en mesure de la livrer dans ce délai."
Le meuisier promit d'autant plus volontiers d'être prêt que Yann-he-Grok se montra tout à fait coulant sur le prix.
Pendant ce temps, un autre fraudeur se transportait à saint Gonval et entrait en pourparlers avec le bedeau chargé de l'entretien de cette chapelle, aujourd'huit déchue de son ancien rang d'église paroissiale. Le bedeau se fit un peu tirer l'oreille. La chose était grave. Il ne s'agissait de rien moins que de prêter pour une une nuit la croix d'argent à clochettes, le drap mortuaire, une douzaine de cierges et les quatre fanaux qui accompagnent de dias les jours de grande proccession. Aprés quelques tergi
versation chez le bedeau, des offres de plus en plus tentantes de la part du fraudeur, le marché fut cependant conclu.
Qui eût été cette nuit-là dans la hêtraie de Pellinec, dont les grandes masses sombres se mirent presque dans la mer, eût assisté à un étrange spectacle. Des gaillard coiffés de suroîs pointus qui les faisaient ressembler à des moines en cagoule "arrimaient" méthodiquement dans une bière colossale des objets de toute forme et de toute nature. Quand on voulut poser le couvercle, il se trouva qu'il ne fermait point.
"Amarrez avec des cordes, dit Yann-he-Grok ; le drap mortuaire couvrira tout."
Et maintenant c'est un spectacle plus étrange encore, un de ces cortèges fantastiques comme il ne s'en déroule que dans les légendes ou dans les tableaux macabres. En tête s'avance le grand Yann, pouvant le lourde croix massive solidement assujettie à son croc de fer. Il a passé sa chemise par-dessus ses vêtements. Il est tête nue, pieds nus. Les petits clochettes, au rytme de sa marche, tintent dans l'air lugubrement. Puis vient le cercueil, soutenu par dix hommes, de chaque côté, sont douze adolescents portant des ciérges, dont les flammes montent pâles, à peine vacillantes, dans l'atmosphère immobile de la nuit. A quelques ditance suit un vieillard ; les quatre fanaux qui l'escortent promènent sur son front dénudé : sur ses longues mèches blanchissantes, de singuliers reflets : on dirait le crâne d'un squelette échappé d'un ossuaire. Un vague surplis couvre ses épaules d'un presque jusqu'à ses talons. Il accomplit religieusementsa besogne de faux prêtre, tient les yeux fixés sur un grimoire qui lui sert de livre d'heures. Des femmes, des enfants cheminent derrière lui, pêle-mêle, et dans l'ombre grise, embrumée, qui déforme tout, choses et gens, entre les hauts talus qui estompent mystérieusement la route, ce bizarre convoi d'enterrement a bien l'air de sortir d'un autre monde, du pays lunaire et fantomatique de la mort.
Yann-he-Grokavait une voix superbe... Par intervalles, il entonnait, en un latin de sa façon, un "couplet de deuil", lugubre à faire frémir. Il avait des intonations caverneuse et cependant retentissantes, qui roulaient dans la nuit sonore, se répercutaient ai loin d'échos en échos. C'était un chant si lamentable que, sur le parcours, dans les airs des fermes, les chiens se mettaient à hurler d'épouvante...
Le silence après chaque verset semblait plus profond, et ce long défilé d'ombres, plus terrifiant. Parmi les fraudeurs mêmes, plus d'un qui avait la chair de poule. L'idée de Yann commençait à ne leur plus paraître aussi drôle. Beaucoup pensaient :
" C'est vilaine comédie que nous jouons là ! Pour sûr, il nous arriva malheur ! "
A Croaz-ar-Barbant, il y eut une alerte. Quatre routes se croisent à cet endroit, et, comme tous les carrefours, le lieu a mauvaise réputation. Aussi, pour conjurer les sortiléges, y a-t-on érigé un calvaire à l'un des angles. Les fraudeurs venaient de se signer devant le christ, quand tout à coup, sur le talus, les ajoncs remuèrent. Des têtes parurent, puis des corps. C'étaient les gabelous, toute une brigade, mousquet au poing.
"En joue ! " commanda le chef.
Et en mêmetemps, il sautait sur la route.
"Vous allez me dire ce que signifie ce cortège, à pareille heure", fit-il en s'adressant a Yann.
Celui-ci ne se démonta point pour si peu. Et c'est en excellent français, d'un ton d'autorité tranquille, avec une nuance de manace, qu'il répondit :
" Cela signifie, monsieur, que si, à l'instant même, vous ne donnez point à vos hommes l'ordre de présenter les armes, ainsi qu'il est d'usage quand passe un prête en surplis conduisant un mort, je vous rends responsable du scandale, et, avant vingt-quatre heures, je vous fais casser."
Et Yann, entonnant un nouveau verset, se remit en marche, suivi de tout le convoi. Sansattendre l'ordre du chef, les douaniers avaient d'eux-mêmes redressé les canons de leurs fusils. La contrebande passa. On atteignit la Roche-Derrien sans encombre.

VII

Cette aventure fut d'ailleurs funeste à Yann-he-Grok. L'imagination de ses acolytes ordinaires avait été frappée. Ils avaient vu la mort de trop près ; surtout, le sentiment d'avoir commis un sacrilège leur était pénible. Leurs femmes, quand ils rentrèrent au logis, se révinrent en leur trouvant des mines si pâles et si défaites. Ils devinrent mélancoliques, taciturnes,perdirent le goût du pain, séchèrent sur les pied, glacés par le souffle de l'ankou qu'ils sentaient constamment sur eux. Il en trépassa, dans l'année, une dizaine. La même croix d'argent à clochette, le même drap mortuaire, les mêmes cierges qui avaient servi pour "le coup de cercueil" les conduisirent l'un aprés l'autre à l'enclos des tombes, dans la trêve de Saint-Gonval.
Les survivants de la bande se rendirent un soir chez Yann-he-Grok, au moulin de Trômeur. Yann fumait sa pipe, assis sur la marche du seuil.
"Je sais ce qui vous amène, leur dit-il, avant même qu'ils eussent ouvert la bouche. Vous venez m'annoncer que je n'ai plus à compter sur vous. C'est bien. Retournez à vos champs ou à vos barques. Grattez la terre avare, éventrez la mer stérile. Vivez et crevez en gueux : cela vous regarde. Bonsoir ! "
Et il les congédia du geste, non sans craché sur le sol en signe de mépris.
Pour lui, il continua son métier de fraudeur jusqu'à son dernier jour, Ce dernier jour eut un caractère singulièrement tragique. Voici, en effet, en quelles circonstances disparit Yann-he-Grok. Je laisse la parole au fermier de Traféak.

"Il pouvait être environ deux heure du matin. Je dormais avec mes trois frères, en pagaille, dans un grand lit clos, au bas bout de la maison. Le père vint et nous reveilla durement. Il avait la main la lanterne sourde dont il avait coutume de se munir quand il partait en expédition.
"- ça, Jacques, Pierre, Job, levez-vous, fit-il Vous allez m'accompagnier.
"Job, c'était moi, comme vous le savez ; Pierre et Jacques étaient les deux aînés.
"Mon frère François, le quatrième des treize gars, qui couchait aussi avec nous, demanda:
"- Vous n'avez pas besoin de moi ?
"- Non, répondit le père ; tu peux te recoucher. Seulment si la mère, é l'aube, s'étonne de notre absence, tu lui diras que vers midi nous rentrerons sûrement...Amoin, ajouta-t-il aprés un silence, à moins d'accident imprévu.
"Il faisait, dehors, nuit grise et triste, mais sans brume, et la mer éclairait. Le père marchait très vite, et nous étions obligés de trotter pour le suivre. Il était songuer, préocupé. C'était l'heure de la demi-marée ; notre barque était encore à flot dans la crique rocheuse où d'habitude on la mouillait. Quand nous fûmes à bord, le père, qui jusque-là n'aviat pas desserré les dents, nous dit:
"-Metter-vous aux environ et nagez en silence.
"Mes frères me l'ont avoué depuis : à ce moment ils eirent, comme moi, le coeur étreint d'une vague angoisse. L'oppression d'un malheure était sur nous. Le père, accoudé à la barre, regardait devant lui, au loin, de l'air d'un homme absordé en des penses graves. L'eau, à peine ridée, luisait d'un éclat mat, comme endormie. Nos rames ne faisaient pas plus de bruit que si on les eût plongées dans de l'etoupe. Comme nous tournions l'île Saint-Gildas, nous aperçûmesla silhouetted'un navire qui fuyait, grand large.
" Les courants sont terribles dans ces parages. A quelques encablures se dressait Ar Vroac'h, une roche âpre et haute, ainsi nommée à cause de sa forme qui est celle d'une vieille accroupie.
"- Voilà où il faut aborder, dit le père. Soupuez ferme, les enfants !
" Il se pencha pour prendre au fond de la barque un rouleau de corde et en noua une des extrémités solidement autour de ses reins. Un ressac violent battait les flancs de la roche : nous parvînmes cependant à le dompter.
"- Attrape, Job ! me cria le père en me lançant l'autre bout de la corte.
"D'un bond, au risque de se tuer mille fois, il avait sauté sur la roche. Notez, ôtrou, qu'il avait alors 57 ans sonnés. Souple comme un chat, malgré son âge.
"-filez l'amarre, nous dit-il, mais ne lâchez que si je vous l'ordonne.
" Il nous avait souvent employés à des besogne de ce genre. Nous savions ce que nous avions à faire : nous maintenir dans les eaux calmes, sans toutefois que l'amarre se tendit au point d'entraver les mouvement de Yann-he-grok. Nous restâmes là, penchés sur nos avirons, prêts au moindre appel.
"Ar Vroac'h était une des cachette de recel pour la fraude, le plus dangereuse, partant le moins suspecte. Le navire que nous avions aperçu gagnant le large venait, sans doute, d'y déposer da la marchandise, et c'était cette marchandise, emmagasinée dans une fente de la pierre comme dans une armoire, que le père dégageait avec précaution, de peur d'endommager les ballots. Nous le regardions aller, venir, extraire les paquets de toute formes et les empiler sur une étroite corniche au pied de la roche. Les douaniers, ma foi, nous n'y pensions guère ! d'abord, ils ne paraissaient jamais dans îles ;et puis, à moin d'une trahison, il ne pouvait leur venir à l'esprit de surveiller Ar Vroac'h. Sur les eaux assoupies régnait un vaste silence émouvant, tellement il était profond. Tout à coup, le bruit sec d'une détonation baissé vivement le tête.
"-Père, dit-il, on tire sur nous ! J'ai entendu siffler la balle !
" Le père répondit :
"- Larguez l'amarre, hissez la voile et gagnez au vent !
"-Mais vous ? criâmes-nous d'une seule vois.
"-Mille millions de tonnerres ! faites donc ce que je vous dit !...
" Il n'y avait pas à répliquer. Avec lui, il fallait obéir au doigt et à l'oeil. Je larguai 'lamarre, tandis que Jacques hissait la misaine et que Pierre empoignait le gouvernail. Tout cela fut l'affaire d'une seconde. Là-bas, dans les rochers de l(îles, des torches s'allumaient. Un homme, muni d'un porte-voix, lança dans la nuit cette phrase en breton :
"-Ohé ! oh ! Yann-he-grok, nous savons que c'est vous !...
N'essayez pas de fuir, nous mettons le péniche à vos trousse !...
Nous vous aurons cette fois, vivant ou mort !... A votre gré !...
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MessageSujet: Re: Cours de légendes bretonnes   Cours de légendes bretonnes Icon_minitimeVen 2 Mar - 4:16

VIII


"Il vous redis la chose mot pour moi. Tous les détails de la scène me sont présents à la mémoire, comme si cela datait d'hier. Les gabeloud ne doutaient pas que Yann-he-grok ne fût dans la barque. Voyant que nous gagnions le large, ils nous détachérent une seconde bordée de coups de fusil ; les balles passèrent au-dessus de nous, trouant le foc et la grande voile. Le père, lui nous criait :
"-Lofe ! lofe ! ... serrez le vent.
"Derrière nous, sur les houles calmes, le péniche des douanes semblait voler, enlevée à force de rames par des bras solides. Nous n'avions,nous autres, que des poingd de mousses ou de novices, des poings de gringalets trop jeune. Et, quant à la toile, elle nous gênait au lieu de nous servir, flasque et flottante le long du mât, car c'était le moment de la basse mer, et le vent en cette saison, ne monte qu'avec le flux. Entre le péniche, effilée comme une pirogue, et notre embarcation lourde et ronde comme un vrai sabot, le lutte était inégale : nous nous sentions vaincus d'avance. Le père, sans doute, le comprit et sa sacrifia :
"-Ohé ! les gabelous ! ... si c'est le homard qu'il vous faut, à quoi bon courir aprés les crabes ?...Vous chercher Yann-he-grok. Il est ici !...A votre disposition, messieurs ."
" Assis au pide du mât dont je tenais la drisse, je n'avais pas perdu de vue le rocher. Mon père m'apparut debout sur la cime de pierre, avec sa haute sihoutte noire nettement dessinée sur le fond grisâtre du ciel que les premiers lueurs de l'aube commençaient à blanchir. La péniche cessa de nous poursuivre et vira de bord. Un des hommes-le patron, je pense-prononça :
"-C'est bien lui !
"Un autre dit d'une voix goguenarde :
"-Ha ! ha ! Yan, nous t'y pinçons, cette fois !
"-Toi, Jean Karadec, s'écria mon père, tu as parlé trop tôt... Parions qu'où je vais tu ne viendras pas me chercher !
" En même temps il faisait un grand signe de corix... comme ceci, tenez, comme ceci ! ... Je le vois encore, en vérité... Oui, et j'entends aussi sa prière... Me ho salud, Mari, leûn a c'hras (Je vous salue, Marie, pleine de grâce)...Cela dura peu-être une minute, pas même... Son oraison terminée, il dit :
"Kenavo, Efflamina !
"Efflamine était le nom de ma mère. Cet adieu arriva jusqu'à nous, très distinct,Sur mer, la nuit, les moindres parole ont d'étrange sonorités.
" Après cela, un "plouf !"et ce fut tout. Ni Jean Karadec ni aucun de ses compagnons n'osèrent plonger là où venait de disparaître Yann-he-Grok.
" Ainsi mourut le grand fraudeur. La mer n'a jamais rendu son cadavre."

Vocabulaire du conte:
brezonnec; en breton
grande terre; c'est a dire la terre ferme,le contient
ôtrou; monsieur
Yann-he-Grok; Jean au Grok. on l'appelait ainsi parce qu'il avait eu le poing amputé et qu'il portait un crochet de fer en guise de main
Yann-ann-od; Jean des Grèves
Yann-he-vaz-Grok; Jean au baton de fer
Ankou; Personnification de la mort en Bretagne
Kenavo Efflamina; aurevoir Efflamina
marianne80 a écrit:
Traduction du chant chantonné par Yvic

Tudo iauanc, deuz ar bord-all,
Marc'heus c'hoant da ziski dansall,

N'ho peus met disken et Porz-Gwenn;
Eno man mestr ann danserienn.

Ha bep zul da noz, goude coan,
Ve ann danso en Cres'h-Morvant



" Jeunes gens de l'autre côté (du pays à l'est de la rivière de Trégnier)
si vous avez envie d'apprendre a danser,

vous n'avez qu'a desendre le Port-Banc;
là est le maitre des danseurs.

Et chaque dimanche, après souper,
ont lieu les danses à Crec'h Morvan..."
Bioul a écrit:
ouah quel cours !!!!


Surprised Surprised Surprised Surprised Surprised Surprised Surprised
al1 a écrit:
Superbe Mary
marianne80 a écrit:
Merci al1 cela me fais plaisir
Et oui Bioul je chaume pas moi Laughing
Pour ça que je mets du temp pour les cours
Bioul a écrit:
Parce que je chaume moi ???
tas pas vu mon nouveau cours alors !!! Cool
marianne80 a écrit:
J'ai pas dit ça Bioul. :wink:
marianne80 a écrit:
Je suis désolé je ne vais pas pouvoir faire de cours pendant a peu prés 10 jours
al1 a écrit:
La prochaine n'en sera que plus belle.
marianne80 a écrit:
Oui al1 je ferais de mon mieux . Je peux juste pas trop écrire pour une raison que tu connais .
marianne80 a écrit:
LA SUBMERSION D'YS

Quand la grande marée de Mars, la mer de Douarnenez déchale si loin qu'elle met au jour les décombres d'une ville immense et les restes des chaussées de pierre. Cette ville engloutie avait nom Is. Elle s'étendait sur neuf lieues, ceinturée d'épais remparts. Peut-être était-elle déjà une île quand elle fut édifiée et donna son nom à Douarnenez qui veut dire, en Breton, le Terre de l'Ile ....

En ce temps là, le roi Gradlon régnait sur la Cornouaille, il avait établi en maître, dans sa capitale Kemper, le saint homme Corentin, et s'était retiré dans Is, près de sa fille unique Ahès-Dahut.
On ne sait si la ville d'Is était le précieux cadeau que le roi voulut faire à sa fille ou si Ahès-Dahut la fit surgir en une nuit par l'opération des mauvais esprits, car les septs péchés capitaux menaient sa cour dissolue.
Tous les soirs, la princesse prenait un nouvel amant, dont le corps au matin, était jeté dans l'enfer de Plogoff.

Un soir, un prince étrange tout vêtu d'écarlate et venu on ne sait d'où, se rendit maître de la princesse. "Belle, si vous m'aimez, donnez moi de votre amour d'assurés témoignages."
- "Quels témoignages, mon cher seigneur, vous donnerais-je ?
- "La clé des écluses"
- "C'est la clé confiée à Gradlon seul par les esprits de la mer. Elle ne quitte pas le col de mon père."
- "Votre père est vieux. Il dort. Et vous avez la main si douce."

Voilà Dahut qui dérobe la clé, et le prince largue les écluses. Voilà la mer qui tombe sur Is comme une bête. Elle déferle au galop dans les rue, abat les maisons, étouffe les cris d'horreur.
Sur son cheval marin, le vieux Gradlon chevauche durement dans les vagues, aux côtés de saint Guénolé, pour regagner la Grande Terre. Mais le cheval peine dans la tourmente.
- "Gradlon, jette à l'eau la sale bête qui s'accoche à toi"
- "Mais c'est ma fille Guénolé. Je ne saurais la laisser"
- "Toi seul seras sauvé, toi seul !"

Gradlon en larmes, se libère des bras de sa fille. Le cheval allégé gagne sur la vague et prend pied en terre ferme. La mer s'apaise. Elle n'est plus qu'un lac éteincelant où meurent des sons de cloches .


Extrait de Légendes de la Mer de Pierre-Jakez Hélias
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MessageSujet: Re: Cours de légendes bretonnes   Cours de légendes bretonnes Icon_minitimeVen 2 Mar - 4:16

De_Valendreuse a écrit:
et bien, quelle écrivain. je n'ai pas encore lu mais je le ferais à tête reposé.

sinon, j'ai moi aussi écrit des histoires mais pas tout-à-fait bretonne. L'action se passe dans un royaume imaginaire, la principauté du Hossenbourg, ressemblant beaucoup à la bretagne mais avec en plus des farfadets et autres korrigans.

Voici tout d'abord le récit de la création de la principauté de Hossen:
Citation :
Il y a fort fort longtemps, la région que l'on connaît désormais sous le nom de Hossenbourg n'étaient constituées que de quelques villages de pêcheurs. Le plus gros des villages s'appelait Bourg et s'était développer grâce à sa position sur le grand fleuve. On commençait également à y trouver quelques commerçants et artisans qui entretenaient des liens avec l'arrière-pays. Un jour vint un homme habillé de fourrures brodées d'or à la tête d'une vingtaine d'homme habillé presque aussi richement que lui. Même son cheval était plus riche que tous les villageois réunis tant il portait d'or. Il demanda où ils pouvaient se rafraîchir et dormir pour la nuit avec un accent nordique inconnu dans la région. On lui indiqua la taverne du village. Au bout de quelques verres, il se décida à raconter on histoire :

Il était le prince Danog de Hossen. Il venait de très loin dans le nord; il avait là-bas un immense royaume très riche, la Kurlande. Il y vivait dans un palais immense d'or et d'argent qui surplombait la mer d'un promontoire rocheux. Son peuple l'adulait et il était marié à la plus belle femme du royaume, la ravissante Kobba. Elle était la fille d'un riche marchand très important dans le royaume. Le prince avait avec elle un fils et deux filles. Mais cette vie rêvée en jalousait plus d’un et le pays fut envahi par un seigneur Korrigan qui réduisit la majeure partie de la Kurlande en cendres. Alors que le prince Danog dirigeait le gros de son armée pour repousser l'invasion, les ennemis poussèrent jusqu'à son palais, massacrèrent sa famille et incendièrent sa propriété. Ils avaient été aidés par des généraux kurlandi qui se sentant perdus, leurs avaient vendus leur services contre la vie sauve. Depuis ce jour, il abandonna tout espoir. Parce qu'il avait été trahi par les plus hauts dignitaires kurlandi et avait perdu tout ce qu'il avait de plus cher à ses yeux, il décida de partir. Il partit avec les seuls hommes dont il était sur de la fidélité et le peu qui lui restait, abandonnant ainsi le reste de son peuple à son funeste destin. Il erra ainsi durant six ans sur les plaines d'Adulnac avant d'arriver à Bourg.

Après un lourd silence de quelques minutes qui suivit son histoire, un notable local osa briser le silence:
-Et vous errez sans fin depuis ce jour? Vous n'avez jamais souhaité vous installer, vous posez en quelque endroit que ce soit?
-C'est que ce que j'ai perdu était si beau que tout me semble fade depuis ce jour et que je ne peux me résoudre à rester dans un endroit qui me paraît si triste.
Plus personne dans la petite auberge n'osa le déranger.

Il décida de repartir dès le lendemain à l'aube et partit se promener seul avant de se coucher. Il alla sur la colline stérile qui domine Bourg et la baie de Bôtavoill. Son amertume s'éclipsa alors pour un moment devant le coucher de soleil sur la mer et le paysage magnifique qui s’offrait à sa vue. Du moins, jusqu’à ce que cela ne lui rappelle que trop son palais disparu. Oui, tout était là, la mer, le soleil, le son de l'écume s'écrasant au pied de la falaise; tout sauf... C'est alors qu'il revint à lui, comme réveillé par le bêlement des moutons, il les avait remarqué en venant mais n'y avait pas prêter attention.
-Bonjour
C'était la bergère vu son bâton, une charmante jeune femme.
-Je viens souvent admirer le coucher de soleil ici, c'est magnifique n'est-ce pas?
-Oui, ça me rappelle mon pays.
-Je me disais bien que je ne vous avais jamais vu par ici, vous êtes de passage alors, probablement à l'auberge?
-Oui, je voyage beaucoup.
-Vous êtes au village pour longtemps?
-Je ne sais pas, peut-être pour quelques jours.
Qu'est-ce qui lui avait pris ? Il ne le savait pas, il n'était plus aussi sur de vouloir repartir aussi vite. Était-ce le paysage, la bergère… bon sang, elle ressemblait tant à Kobba, cette fois-ci, c'en était trop, d'abord le paysage et ensuite la bergère.

Ils continuèrent ainsi à discuter jusqu’à tard dans la nuit, elle s'appelait Louba, même son nom sonnait le passé. Après s'être quittés sur un « à une prochaine fois peut-être », Danog revint à l'auberge. L'aube arrivait déjà lorsqu’il y arriva, ses hommes l'attendaient, préparant les bagages. Il leur dit:
-Le départ est remis à plus tard.
Durant les jours suivants, le village jasait sur le pourquoi de ce changement d'avis et la nouvelle de l'arrivée de cet étrange visiteur atteignait les villages voisins. Le prince passait ses journées entières avec la jolie bergère de la colline de Bôtavoill. Au bout de cinq jours, ils revinrent tous deux au village et le prince annonça qu'il avait pris plusieurs décisions:
-A partir de ce jour, je prend possession de cette colline et de toutes les terres visibles alentour. J'y bâtirais mon palais, et j'y épouserais Louba. Je jure devant vous de protéger toute personne vivant sur ces terres jusqu'à ma mort, plus que je n'ai su protéger ma Kobba bien-aimée.

En fait, le prince ne croyait pas au hasard et considérait donc toutes ces ressemblances avec son ancienne vie comme un signe du destin. Il voulait saisir cette deuxième chance qui lui était offerte, et même s’il savait qu’il ne pourrait pas changer le passé, il voulait essayer de sauver son futur . Les villageois se placèrent volontiers sous sa protection car cela se passe à une époque incertaine et peu sûre. Nombreux étaient les seigneurs avides de pouvoir et de richesses qui pillaient les campagnes non protégées par des seigneurs à cette époque. Danog fonda ainsi en -753 du calendrier commun, sur la colline de Bôtavoill, d'ailleurs appelé colline de Hossen depuis lors, le premier château des Hossen. En plus d'être un palais, le château était une forteresse paré de puissants remparts protecteur. Le prince Danog était un homme ambitieux et se créa autour de lui une armée, une cour, ainsi fût créée la ville de Hossen, devant le château, non loin de Bourg.



Récits de la principauté du Hossenbourg – Chapitre I – L'an 0
par Vuize, historien officiel du prince Danog IX, prince du Hossenbourg
De_Valendreuse a écrit:
pavé n°2 ou "comment finit le règne du prince Danog"

Citation :
29 ans ont passé depuis l'arrivée du « Hossen » comme l'appelle les habitants de la petite principauté avec respect et le nom de Hossen est d'ors et déjà indissociable de celui de Bourg. Le vieux prince règne désormais sur un territoire de quelques dizaines de kilomètres de côtes habité principalement de pêcheurs bourrus et de rustres paysans. Cela semble toutefois lui suffire bien que ce soit bien loin de son grand royaume nordique. On ne peut malheureusement pas en dire autant de la cour du prince venue avec lui de Kurlande. En effet, le petit bourg de Hossen semble ne pas suivre la règle de la « bonne franquette » en vigueur dans le reste de la principauté. La cour du prince veut en effet se donner une apparence noble et aristocrate, une certaine étiquette. Ces « manières » ont en fait plus pour but de tenter, de façon désespéré, de faire oublier aux quelques "noblions" qui ont suivi le prince dans son exil leur nouvelles conditions.

Mais le prince veut rester très discret sur lui-même, son ancien statut, son ancienne vie, comme s'il avait un secret à cacher. Ce mystère qui entoure toujours le prince après tant d'année ici, il semble le partager avec ceux qui ont connu l'avant, « ces messieurs de la cour » et éventuellement avec la princesse Louba. La famille du prince justement, un autre sujet sur lequel le prince aime à rester discret. Serait-ce d'anciens démons, de vieilles craintes, de vieux regrets, toujours est-il que le prince n'aime guère que sa femme et son fils Bellario ne se montrent trop en public. En fait, personne n'a jamais vu son fils en dehors du château princier. Et même si beaucoup de ceux qui connaissent son histoire comprennent son geste, la plupart des gens trouvent qu’il les sur-protègent.

Ainsi s'écoulait la vie, paisible, à Hossen et à Bourg. Jusqu'à ce que la princesse tombe gravement malade. Le prince Danog avait su la protéger contre toute attaque extérieure (bien qu'elle ne soit jamais arrivé) mais face à la maladie, il était impuissant et désemparé. Le malheur s'acharnait une fois encore sur lui en s'attaquant à ceux qu'il aime et en contournant les remparts qu'il avait bâti pour les protéger. Le prince était inconsolable, de plus en plus dépité à mesure que le mal rongeait sa chère Louba. Même la magie ne pouvait rien faire pour elle et de toute façon, le prince ne voulait pas en entendre parler. Certains disent que c’est parce que c'est par la magie de ses ennemis qu'il avait tout perdu la première fois. Au bout de quelques mois, le pays et son prince était en deuil, la princesse fut enterrée dans l'intimité du caveau du château qu'elle inaugurait.

Danog, qui était alors assez âgé, décida de laisser le pouvoir à son fils qui prit ainsi le titre de prince Dan-Bellario de Hossen à l'age de 19ans. Quand à Danog, il avait décidé de revoir une dernière fois sa Kurlande bien-aimée avant de mourir. Il retourna donc sur la tombe de sa première femme Kobba et de ses trois enfants restés là-bas. Il s'en alla vêtu simplement, accompagné de seulement deux fidèles parmi les fidèles, venus eux-aussi de Kurlande. Il partit ainsi, marchant, s'appuyant simplement sur un vieux bâton de berger usé qui n'avait plus servi depuis 29 ans. Ainsi parti le grand prince Danog de Hossen, qui apporta tant de bien dans un petit coin de paradis perdu entre les vagues et les rochers, isolé, et dont personne ne se souciait alors.

Ainsi finit le règne du grand prince Danog en l'an 29 du calendrier Hossenbourgeois (-724 du calendrier nain).



Récits de la principauté du Hossenbourg – Chapitre II
par Vuize, historien officiel du prince Danog IX, prince du Hossenbourg
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MessageSujet: Re: Cours de légendes bretonnes   Cours de légendes bretonnes Icon_minitimeVen 2 Mar - 4:17

De_Valendreuse a écrit:
taaadaa, taadaaaaaa... et voici un nouvel épisode des aven... bzz crak... de l'histoire du Hossenbourg... crak bzz... épisode 3: la rencontre du Môn S'nas.
"ACTION"

Citation :
Sous le prince Dan-Bellario, fils de Danog Ier, le nouveau pays se découvrit un ennemi plus fort que lui. Le pays de Hossen et de Bourg comme certains commençaient à l'appeler n'était pas vraiment envahi mais était en proie à des pillages successifs qui l'affaiblissait et affamait la population. Le prince décida alors de fortifier hossen où les habitants de Bourg se réfugiaient en cas d'attaque (Bourg n'était alors qu'à un km de Hossen), il décida que tous les hommes en âge de se battre devaient être prêt à le faire. Mais cela ne suffisait pas vu que les assaillants se moquaient d'anéantir la population et ne souhaitaient qu'accumuler des richesses, des ressources; il fit donc construire un mur fortifié qui entourait le pays et dont on peut encore voir les ruines par endroit, notamment la grande porte du Nord, sur la route de StoneVille. C'est à cette époque que la principauté développa ses premières défenses militaires mais cela ne suffisait toujours pas face à la puissance de l'ennemi qui continuait d'attaquer sans relaches et semblait vouloir désormais assujetir le pays.

Le prince décida alors d'envoyer des messagers dans toutes les directions pour demander l'aide de ses voisins, le peuple était alors désespéré. A la surprise générale, un voisin répondit favorablement à cet appel: StoneVille. Il s'agissait d'une république presque aussi petite que le pays de Hossen et de Bourg et pourtant, elle avait répondu favorablement au cri d'alarme des gens de Bourg. Ils expliquèrent qu'ils étaient motivés par un idéal d'égalité, de paix et que c'était une occasion en or pour se lier avec ses voisins. Naturellement, cela parut bizarre au prince mais étant donné la situation, il n'avait guère le choix; aussi accepta-t-il avec joie cette proposition. L'histoire montra plus tard que StoneVille voulait en fait aller plus loin et espérait se faire un allié car il n'y avait pas de raison pour épargner StoneVille et la petite république était donc tout aussi menacée par une invasion.

Les deux états unirent donc leurs forces et mêmes si cela ne faisait toujours pas une grande armée et que les soldats étaient inexpérimentés, au bout de quelques semaines, alors qu'on croyait tout espoir perdu et que les habitants de StoneVille commençaient eux aussi à se sentir menacés, les troupes ennemies se retirèrent subitement. La surprise et la joie des deux nations se mêlaient alors ne savaient vraiment ce qui s'étaient passés. On parla beaucoup à l'époque d'un sage StoneVillois encore inconnu au pays de Hossen et de Bourg. On dit de lui qu'il avait utilisé la magie pour repousser l'envahisseur, certains affirment même l'avoir vu aller et venir au palais de Hossen. On dit qu'il s'est beaucoup entretenu avec le prince bien que tout le monde sait que les princes du Hossen ont toujours rejeté la magie, trouvant qu'elle provoque de trop grands désastres.

Quoi qu'il en soit, toujours est-il que depuis ce temps, les deux nations ont voulu garder contact et que les chefs des deux pays ont continué de se voir régulièrement durant les décennies suivantes, ont partagé leur science et se sont fait des cadeaux régulièrement.



Récits de la principauté du Hossenbourg – Chapitre III
par Vuize, historien officiel du prince Danog IX, prince du Hossenbourg
marianne80 a écrit:
Superbe De_Valendreuse quelle histoire !
Merci !!
De_Valendreuse a écrit:
j'ai enfin eus et pris le temps de lire tes récits. Tu m'as laissé sur le c.. Franchement, impressionné. J'adore ton style d'écriture, ya juste un détail qui casse un peu l'ambiance: l'orthographe, c'est dommage.

Par contre, je connais bien cette région hrp: c'est pas possible, tu y vis vraiment! que ce soit au niveau du patoi, du paysage, du mode de vie, tout. C'est vraiment la côte de granit rose (d'où le clocher rouge pour ceux qui connaissent pas le coin).

En tout cas, ça y est: je vais suivre tes histoires avec intéret (et en espérant que l'orthographe s'améliore parce que ça gène pour la lecture).
marianne80 a écrit:
C'est pas moi qui l'ai invinter le dernier si il y a des fautes c'est pas moi qui les ai faites c'est la personne qui la écrit pour les autres c'est surement moi mais 4 chapitres en 7 jours j'ai pas spécialement le temp hrp.
(Pour SAINTE THYPHINE, AU VENT DES ILES YANN-RE-GROK j'ai tout recopié donc les fautes sont des fautes d'inatention)

(Pour Marie morgane, et la dernière légende les faute ne sont pas de moi puis que je fais copié collé pour une raison hrp )
Mais merci de suivre mes cours
De_Valendreuse a écrit:
c'est vrai que tu impressionne tout le monde par le rythme avec lequel tu écrit tout ça.

écrire autant en si peu de temps, c'est dingue. remarque, mon histoire a été écrite en un week-end. Enfin, ce n'est pas aussi rapide quand même.
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MessageSujet: Re: Cours de légendes bretonnes   Cours de légendes bretonnes Icon_minitimeVen 2 Mar - 4:18

marianne80 a écrit:
CEUX DE LA "GORGONE"

Je m'étais embarqué à l'île de Sein sur un lougre paimpolais qui, la saison de pêche terminée, rentrait hiverner au pays.
Nous venions de doubler les Pierre-Noirs, au sud d'Ouessant. La tristesse du crépuscule occidental commençait à se vaporiser sur les eaux, noyant les confins de l'espace, où les phrares s'allumaient un à un, comme de pâles veilleuses de la mer, d'un éclat encore incertain.
Le grand silence noctune avait quelque chose de religieux. Nous causions à mi-voix, accoudés au bordage. Jean Marker, le patron du lourgre, souleva tout à coup son bonnet en peau de lapin.
"Saluez, me dit-il d'un ton grave, nous traversons un cimetière."
Et comme je le regardais sans comprendre :
"Les morts de la Gorgone ont trouvé ici leur sépulture,"
prononça-t-il Il ajouta :
"Vous êtes trop jeune : vous ne savez pas le deuil que cela répandit sur nos côtes. L'équipage, pour les deux tiers, se composait de Bretons... Moi même, j'avais tout au plus 15 ans à l'époque ; mais à ce naufrage se rattache un de mes souvenirs les plus singuliers... Descendons à la chambre. Je veux vous faire ce récit."

I

L'ecoutille fermée au-dessus de nos têtes, Jean Markerôta sa chique, la serra soigneusement dans la doublure des on bonnet et dit :
-Voilà. Je vous parle d'un temps où le pont de Lézardrieux n'était pas encore construit. On eût même fort étonné les bonnes gens de la contrée en leur donnant à entendre qu'un jour à venir on irait de Trégor en Goëlo par une route en fil de fer tendue dans l'espace, à cent vingt pieds de hauteur. Un bac mettait en comminication les deux berges de l'estauaire, Le passeur, c'était mon père, Olivier Marker, plus connu sous le sobriquet de Saperlott. On l'avait surnommé ainsi à cause d'un juron dont il était cutumiers, quand les choses ne marchaient pas à son goût. Nous demeurions sur la rive trégorroise, dans une maisonnette en chaume accrochée à mi-pente, derrière la chapelle de Saint-Christophe.
Dés le petit matin, mon père dévalait, par un étroit sentier taillé dans le flanc de la colline, jusqu'à la jettée en pierres frustes où le bac s'amarrait la nuit. Le vieux s'était arrangé là, tout au fond de l'anse, dans le creux d'un rocher, une espéce de niche, meublée d'une couchette de varech comme en ont les douaniers dans leurs huttes, sur laquelle il s'allongeait pour fumer en attendant la pratique. Verc onze hheures, un de nous lui apportait son repas, de la soupe dans une écuelle, une tranche de lard sur un morceau de pain. Il faisait esuite sa sieste, son somme midi, dont il ne fût pas privé pour tout l'or du monde, pas même pour passer le page. Avant comme après, en revanche, c'était l'homme le plus obligeant que l'on pût voir. Il n'était pas de ces bateliers qu'il faut héler vingt fois : à la première il avait entendu. D'un bond il gagnait son banc, et en quelques coups de rames il avait touché l'autre rive. C'était un fier manieur d'avirons. Les gens disaient de lui:
" Il n'y a pas eu de pareil à Saperlott, depuis saint christophe, le patron des passeurs, qui passa le Chist."
Jusqu'au soleil couché, il ne s'écratait point de son poste. Nous ne le revoyions là-haut que le soir, quand déjà le phare terrien de Bodic avait allumé son feu. Encore, tout en gravissant le sentier, se retournait-il sans cesse pour écouter si aucun bruit de voiture, aucun pas de piéton n'arrivait du côté de Paimpol. Il avait une âme compatissante et douce. Même étendu dans ses draps, si quelque appel retentissait dehors, il se rhabillait en hâte. Beaucoup abusaient de son humeur complaisante, les ivrognes surtout, qui s'attardent à boire les jours de marché. Vainement les aubergistes leur disaient, pour les forcer de partir :
"Gare au passage ! Vous resterez le bec dans l'eau : l' Angélus sera sonné. "
Ils répondaient en ricanant :
"Ta, ta, ta ! Saperlott est un brave homme qui ne règle pas sur l' Angélus."
Ma mère le grondait.
"Tu es stupide, Olivier. Tu attraperas ta mort à ce métier, tu verras."
Excusez ces préliminaires. Maintenant, voici l'aventure.

II

C'était l'hiver de l'année, 69, le 18 décembre, vers le milieu du "mois trés noir", comme nous disons. Ce jour-là se trouvait être un dimanche. Ma mère nous avait menés à la messe et à vêpres, puis, nos prières récitées sur les tombes des parents défunts, nous avions regagné Saint-Christophe aux premières ombres. Il faisait ce que nous appelons un temp pourri, quand il y a comme une moisissure sur les les choses. Une brume rousse, charriée par flot, s'épaissait en une atmosphère d'étoupe au-dessus de la rivière salée, transformait les arbres en quenouilles d'ouate grise, enveloppait lentement les campagnes d'une vaste toison floconneuse qui sentait je ne sais quelle odeur de brûlé. Nous trouvâmes le père qui fumait sa pipe, à l'angle du foyer, en regardant cuire le rpas du soir. Il venait de remonter du passage, sa journée close, car il n'y avait pour lui ni fêtes ni dimanche, si même ces jours-la lui apportaient un surcoît de fatigue. La vieille, dés le seuil, lui demanda comme à l'orinaire :
"Tu as eu beaucoup de monde, Olivier ?
- Beaucoup, répondit-il. Il paraît que c'est demain le foire de Saint-Tudual, à Tréguier.
-Pourvu qu'on ne s'avise pas de te déranger cette nuit, reprit ma mère en diposant le couvert. Tu as vu le temp : Dieu même, par une brume pareille, ne reconnaîtrait pas les siens dans la vallée de Josaphat... Si tu était raisonnable tu me promettrais de faire le sourd, pour une fois, quoi qu'il arrive."
Mon père sourit, secoua les cendres de sa pipe sur la pierre de l'âtre et prononça d'un ton bonnasse :
"Il y aura, ce soir, que les aveugles qui verront clair, Va y, je suis assuré de dormir en paix."
La soupe servie, chacun s'installa devant son écuelle. Soudain ma soeur Augustine, l'aînée de la famille et qui approchait de ses 18 ans, s'arrêta de manger, la cuiller suspendue, la nuque dressé, prêtant l'oreille.
" Est-ce qu'il y a quelqu'un de mort dans le pays ? demanda-t-elle ; on dirait qu'on entend un glas."
Nous crûmes, en effet, percevoir une sorte de carillon, mais si menu, si voilé qu'on l'eût plutôt pris pour un grelot de charrettes lointaines. Le père eut un haussement d'épaules et dit avec un indifférence feinte :
"Ne faites pas attention, les enfants ! Ce sont les cloches de la mer.
-Les cloches de la mer ? répéta mon frère André. Qu'est-ce que cela peut bien être ?
-C'est un signal de brouillard, voilà tout, Vous comprendrez cela quand vous serez marins. Et maintenant, finissez votre soupe."
Force nous fut satisfaire de cette explication qui n'en était pas une. Le reste repas fut silencieux. Nous ne pouvions pouvions nous défendre d'écouter ces cloches de mystère dont les sons tremblotants cotinuaient d'arriver jusqu'a nous. Nous éprouvions une vague angoisse et comme l'apréhension d'un malheur inconnu. D'ordinaire, on prolongeait à plaisir le souper, chacun ayant à rendre compte de sa journée. Mais, ce soir-la, aussitôt la dernière cuillerée, ma mère nous commanda de nous mettre à genoux pour les " grâces ". Elle les débitait à voix haute, et nous donnions les répons. Lorsqu'elle fut à la série des De profundis, elle anonça:
"Nous en dirons un de plus les trépassés des eaux, les âmes errantes des pauvres noyés."
Cette formule inusitée accrut encore notre malaise. Je couchais avec mon frére André dans une espéce de bahut d'ancienne arche à blé, au bas bout de la maison, juste en face de la porte. Nous n'y fûmes pas plus tôt étendus; l'un contre l'autre, qu'il me chuchota timidement à l'oreille:
"Est-ce que tu n'as pas peur, toi?
-De quoi veux-tu que j'aie peur? mumurai-je, pour le rassurer; car il était mon cadet.
-Est-ce qu'on sait ?...Moi; j'ai idée qu'à cette heure il se passe quelque chose...
-Où?
-La-bas, dans la brume, au large, quelque part...Cette nuit-ci n'est pas semblable aux autres nuits."
C'était aussi mon impression. Nousdemeurâmes longtemps les yeux ouvert dans l'ombre. Le père s'était rassis sur l'escabelle au coin du feu ; Augustine, accroupie sur le foyer, lisait à la lumière de la résine ; la mère allait et venait, rangeant les ustensiles, nettoyant la table, remettant la vaisselle en ordre dans le dressoir. Vous ne sauriez croire combien tous ces détails me sont restés présents, avec quelle extraordinaire netteté je reçois les figures, les attitude, les gestes... Les cloches étranges ne sonnaient plus. Mon frére avait fini par se laisser glisser dans les limbes du sommeil ; moi-même, je commençais à perde connaissance, quand, tout à coup, j'eus le sentiment qu'on loquetait à la porte. Je me penchai hors de l'arche pour voir qui allait passer le seuil. La porte s'entrebâilla, un souffle d'air humide me frôla le visage, mais le visiteur nocturne qui devait être là ne se montra point. J'appelai doucement ma mère qui, debout près de la table, achevait d'envelopper le pain dans une nappe, comme c'est l'habitude dans les maisons bretonnes.
"Mamm ! mamm !
-Quoi ? qu'est-ce qu'il y a encore ? Pourquoi ne dors-tu pas ?
-Quelqu' un a loqueté.
-Ce quelqu'un, c'est vent de la nuit, grand dadais !
-Non. la porte est ouverte...
-Ilrêve, intervint ma soeur. Je suis sûre d'avoir poussé le verrou tout à l'heure, quand j'ai été donner à manger au porc."
Elle n'avait pas terminé sa phrase qu'au loin dans les ténébres extérieures un appel retentit, un ho ! prolongé, suivi tout aussitôt d'un grand soupir, d'une plainte triste, infliniment triste. Le vieux, du coup, se leva de l'âtre, courut précipitament à l'huis.
" Le gars a raison, dit-il. Si la porte était fermée, il faut que quelqu'un l'ait rouverte."
Ma mère, ma soeur se regardaient, immobiles, les mains jointes, les traits boulversés, la face pâle comme un linge. Mon père cependant avait fait quelques pas dans la cour.
" Tiens ! dit-il, qu'est-ce que c'est que ça?... Je viens de sentir quelque chose de velu contre mes jambes... Il y a un animal ici."
La brume était si dense qu'on ne pouvait rien distinguer à terre, quoique dans les profondeurs de cette mer de brouillard flottât comme un reste de lumière noyée, un livide halo de lune.
"Katel ! Augustine ! Apportez donc une lanterne, saperlott !" cria le vieux aux femmes, dont aucune n'osait bouger, figées qu'elles étaient par l'attente et par la terruer de l'invisible.
Ma mère enfin obéit, plus morte que vivi, décrocha la fanal, l'alluma à la chandelle de résine, puis, l'élevant au-dessus de sa tête, sans dépasser le cadre de la porte, elle en promena les rayons sur le tapis de fougères desséchées qui jonchaient la cour. Je m'étais glissé derrière, en chemise, nu-pieds, n'ayant même pas pris le temps de chausser mes sabots, et j'entendis le père articuler d'un ton plus calme:
" C'est quelque chien perdu, Katel, tout simplement."
Ce n'estait qu'un chien, en effet, mais d'une espéce insolite, et tel nous n'en avions jamais vu de semblable dans notre pays. Il nous parut d'une taille démesurée, aussi, aussi haut sur pattes q'un veau de cinq mois, les oreilles droites et pointues, le pelage couleur gris fer marbré de taches d'un brun sombre, les prunelles fauves et brûlant d'une flamme verdâtre, comme celles des loups. Il haletait, la langue pendante ; son poil rude était toutd'un air humble, les reins ployés, la queu basse.
"Qu'est-ce qu'il peut bien vouloir ? mumura le vieux.
- Tu ferais mieux de rentrer, Olivier, supplia ma mère, et de laisser à son sort cet animal d'Apocalypse ! "
A ce moment, l'appel plaintif qui s'était déjà fait entendre déchira de nouveau l'espace, mais plus lamentable encore et plus rapproché. Le chien, comme pour y répondre, poussa un long hurlement de bête aboyant à la mort.
"Enfermez-vous au logis, vous autres !... Moi, il faut que j'aille voir !" déclara mon père.
Ce disant, il arrachait le fanal des mains de sa femme. Celle-ci, affolée, lui cria :
"Tu ne trouveras seulement pas ton chemin dans cette obscurité de malheure !
-Mes pieds ont des yeux, riposta-t-il ; d'ailleurs l'animalme guidera."
Et, en passant le poing sur le dos mouillé du chien mystérieux :
" Va devant, bonne bête, et méne-moi où nous devons aller :
je te suis."
Nous les vîmes franchir l'échalier l'un derriére l'autre, puis s'évanouir comme deux ombres, comme deux figures de songe, dans les grandes ténébres diffuses de la nuit.

suite...
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MessageSujet: Re: Cours de légendes bretonnes   Cours de légendes bretonnes Icon_minitimeVen 2 Mar - 4:19

marianne80 a écrit:
III

Elles furent longues et sinistre, les heures qui sonnèrent à notre horloge après ce déprt !... Au lieu de me recoucher à côté de mon frère André, qui n'avait même pas ent'ouvert les yeux, je m'habillai smmairement et couus me blottir dans l'âtre, où ma mère et ma soeur s'étaient réfugiées. Nous restâmes d'abord sans échange une parole, les lèvres comme scéllées par l'éffroi. Puis, ce funèbre silence devenant lui-même une cause de peur, ma mère dit :
" Qu'en pensez-vous, les petits ? Si nous récitions la chapelet !... "
Elle tira de la poche de son tablier le vieux rosaire à grains d'ébéne qu'elle portait constamment sur elle, ainsi qu'un talisman, depuis le jour de son mariage, et se mit à l'égrener d'une voix monotone entre ses pauvres doigts tremblant... Ah ! nous en marmottâmes, ce soir-là, des patenôtres !... Je me rappelle qu'il me vint une idée bizzare, une idée d'enfant celle de compter à part moi au bout du quatrième Ave nous entendrions dans la montée de Saint-Christophe les sabots du père. Ce calcule m'absorba bientôt au point de me distraire de mon épouvante. Il eut un autre résultat, encore plus favorable; qui fut de m'endormi. A partir de je ne sais plus quel chiffre, me tête s'embuma, et; bercé par le fredon de la pière, je m'assoupis... Ce fut un cri de ma soeur qui mereveilla :
"Mamm ! C'est lui, cette foi !...C'est bien lui !"
Elle ne fit qu'un bond jusqu'à la porte, le verou grimça ;
quelques secondes plus tard, mon père entrait. Il était un peu pâle, malgré la sueur qui perlait à ses tempes, à moins que ce ne fussent des gouttes de brume. Ma mère ne point au-devant de lui chez nous, vous savez, on n'est point démontratif mais des larmes contentement ruisselaient le long de ses joues.
" Eh bien ?..." interrogea-t-elle, quand il se fut assis à sa place accoutumée.
"Tu nous as donné de fières transes, Olivier Marker !
-Oui, fit-il avec un sourire contraint, et ça n'en valait vraiment pas la peine. J'ai été sot de me déranger.
-Ce qui ne t'empéche pas de recommencer demain !... Contre-nous du moin la chose, pour ta punition... Puisqu'il ne t'a pas mené à ta perte, ce chien diabolique, où donc t'a-t-il conduit ?
-Eh ! mon Dieu, à la cale tout droit ! même qu'il en connaissait fameusement le chemin. L'embarcation était à quai, déjà pleine de monde, des cols-bleus, à ce que j'ai cru voir, au nombre d'une douzaine environ, tous en codtume de service... D'une seule voix, ils crient : "Korymbo !" Et le chien de sauter au milieu d'eux. Moi, cependant, je demande : " Qui êtes-vous, camarades ? Ceux de la Gorgone, Olivie, me répondent-ils toujours en choeur. Et "vous allez en Coëlo ? Oui ! si, en bon chrétien que tu es, tu consens à nous passer." J'avais pris mes rames dans la chahute ; je fixe le fanal à l'avant du bateau, et souque, les gars ! nous voilà partis à l'aveuglette, au petit bonheur. Harassés peut-être par une grane route, les mathurins ne soufflaient mot et se tenaient tassés les uns contre les autres comme pour se réchauffer ; leurs vêtements me parurent aussi trempés que les poils du chien. Histoirre de causer, je dis : "Vous n'êtes pas gais, pour des permissionnaires !" Mais eux : "Nous sommes pas des permissionnaires Des libérés, alors ?
" Ils eurent un drôle de rire, un rire en dedans : "C'est cela; oui, des liérés !" Je n'essayai plus de rie tiré d'eux ; je pensais : Ils auront visité trop de chapelles, ils sont soûls."
J'avais asser à faire , d'ailleurs, de vaguer à la manoeuvre. Le brouillard sur la rivière était si opaque qu'on ne voyait même pas tremble dans l'eau le reflet du fanal. Et puis, cet ai épais vous pesait aux épaules : on eût dit que ce n'était pas de l'air naturel, mais une fumée exhalée des soupiraux du purgatoire. Parfois, j'avais le sentiment qy'au lieu d'avancer nous virions sur place. Cette idée m'énervait. Je commençais à craindre de ne pouvoir aller judqu'au bout ; je trouvais aux rames une lourdeur inusitée, comme si l'onde invisible qu'elles remuaient eût été du plomb fondu...
-Eh quoi ! interrompit ma mère, ces jeannots-là des matelots ! ne se sont pas offert pour te donner un coup de main ?
-Oui-dà ! ils ne bougeaient pas plus sur leurs bancs qu'à nuit close les poules sur leur perchoir. Des farceurs, du reste !... Sais-tu ce que j'ai reçu pour payement ? Un dieu "Dieu te le rende !" suivi d'un hurlement du chien, de leur satané Korymbo !... Etvoilà mes gens disparus, évaporés sur l'autre berge. Oh ! mais, je leur revaudrai cette mauvaise plaisanterie, et pas plus tard que demai matin. Je veux bien être obligeant pour un chacun, je n'entends pas être mystifié. Ils auront de mes nouvelles, ceux de la Gorgogone. Ce 'est pas pour rien qu'il y a un commissaie de la marine à Paimpol."
Et se tournant vers moi, le père conclut :
"Tâche, au passage, avec ton frèe André."
Je ne me fis pas répéter deux fois... Le lendemain, au petit jour. J'était sur le pied. Les brumes pendaient pas grandes masses molles, comme les voitures à demi carguées ; les choses avaient repris leus formes er leurs couleurs. Par-délà le mioir vert de la rivière, à peine terni de place en place, la côte du Goëlo étageait ses lourdes assises de pierre brune, fleuries de goémons et que surmonte une fine colonnade de pins ébranchés. Nous y débarquâmes notre père, dont le sommeil n'avait pas adouci le es setiment... Son absence ne fut pas longue. Paimpol, vous le savez, n'est qu'à six kilomètres de Lézardrieux, A l'Angélus de midi il était de retour. Mais, lui qui étai parti si gaillard, il revenait accablé ; en escaladant le sentier de Saint-Christophe, il chancelait sur ses jambes comme un homme ivre.
"Seigneur Dieu ! s'écria ma mèrre, qu'est-ce que tu as ? Que t'est-il arrivé ?"
Il répondit d'une vois sombre :
"Il y a que mon bail expire cette année et que, l'année prochaine, sera passeur qui voudra, mais pas Olivier Market, foi de chrétien !
-Le commissaire t'a donc mal reçu ?
-Le commissaire m'a traité de vieux fou, et n'importe qui, sachant ce qu'il savait, eût fait de même.
- Pourquoi parler pas énigmes, Olivier ?"
Ma soeur écoutait toute pâle, murmuta :
"Eh bien ! moi, j'y songé !... J'en était sûre !...
- Oui, pronoça le père, une dépêche est venue, anonçant que la Gorgone avait sombré cette nuit, corps et bies, dans les parage d'Ouessant ; parmi les hommes de l'équipage, le quartier de Paimpol comptait douze inscrits..."
Il n'en dit pas davantage. Ma mère et ma soeur étaient tombées à genoux sur le sol de terre battue ; nous autres, les garçons, nous nous signâmes en silence.

"N'est-ce pas que l'avanturen'est pas ordinaire ? poursuivit le patron Jean Market en retirant de la doublue de son bonnet la chique noire qu'il y avait momentanément reléguée... Toues les fois qur je navigue par ici, j'y pense, et, toutes les fois aussi, j'éprouve le même malaise superstitieux, la même oppression... Mais ajouta-t-il, aprés avoir egardé l'heure à son chronométre le cimetiére de la Gorgone doit être passé. Montons respirer aux étoile !..."



Vocabulaire de ce conte :

Mamm ! ; Mère !
carlota a écrit:
Merci quel beau conte...

Tu nous fais rêver...
marianne80 a écrit:
La légende de Mélusine

Comment Breton connut-il la légende de Mélusine ? Avait-il lu la version romancée de Jean d'Arras (XIV° siècle) ou celle, poétique et plus tardive du libraire Couldrette (1401-1405) ? En eut-il plutôt connaissance par le truchement du grand-père de Saint-Brieuc, grand raconteur d'histoires ? Il semble en tout cas qu'il la connaissait mieux qu'au travers de l'intrigue simple que la tradition populaire a tardivement répandue.
Raimondin, fils du comte de Forez, égaré par la douleur d'avoir malencontreusement tué son oncle, le comte de Poitiers, au cours d'une chasse au sanglier, rencontre prés d'une fontaine trois belles dames. L'une d'elles est Mélusine, file du roi d'Écosse Élinas et de la fée Présine. Mélusine réconforte Raimondin et lui propose de l'épouser avec la promesse de faire de lui un très riche et puissant seigneur. Raimondin accepte aussitôt et jure aussi, comme le lui demande Mélusine, de ne pas chercher à la voir chaque samedi. Femme, Mélusine donne à Raimondin dix enfants qui, tous, présentent une difformité physique, construit d'immenses châteaux (ainsi celui de Lusignan). Fée, elle revêt chaque samedi une queue de serpent, assumant ainsi une ancienne malédiction qu'elle ne peut conjurer que par le mariage.
Or, intrigué et jaloux, Raimondin la surprend un jour dans ses métamorphoses. Dans un grand cri, Mélusine s'enfuit : monstrueuse aux yeux des hommes, désormais exclue de leur monde, elle est condamnée à aimer sans retour. Elle fuit, et, dès lors, sa présence ne cesse de hanter le cerveau de l'homme qui a préféré le savoir au mystère.
marianne80 a écrit:
Merci carlota :wink:
alitoine a écrit:
felicitation ma belle se sont de tres beaux recits j'attends les suivants Very Happy
gros bisous de tatie.
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MessageSujet: Re: Cours de légendes bretonnes   Cours de légendes bretonnes Icon_minitimeVen 2 Mar - 4:20

marianne80 a écrit:
Merci Tatie je me dépéche Laughing
marianne80 a écrit:
« Eliez,
ou la légende du premier marin »


« Vous ici ?, Mais Dieu que le monde est petit », s’entend-on dire parfois. Et bien croyez-moi si vous le voulez, mais je vous assure pourtant qu’il est très grand, pour ne pas dire gigantesque. Je peux aisément comprendre que pour vous il paraît impossible de le visiter dans son entier. Mais si vous vous appeliez comme moi Yaouen Le Malin, si vous aviez la possibilité d’éviter la mort comme je le fais depuis l’origine des temps grâce à la flûte de mes amis les korrigans, si vous aviez devant vous tout le temps pour vous y promener, vous vous rendriez encore plus compte comme il est insondable.

Je me souviens encore la première fois que j’ai réussi à faire le tour de chaque parcelle terrestre du globe, j’étais heureux et soulagé d’avoir tout vu. Mais, à peine m’étais-je retourné, que le monde du début avait déjà changé. Il faut dire que je m’étais mis en route deux cent ans plus tôt. Et encore, je ne vous ai pas parlé de l’immensité des océans. Tenez ! Et si je vous contais ce soir l’aventure incroyable d’un garçon de Loquirec qui rêvait d’espace et de liberté. Si je vous contais l’histoire d’Eliez Tallec, qui du haut de ses vingt ans pensait pouvoir parcourir toutes les mers salées du globe.


Cela vous tente ! Alors ! Prenez donc place ! Installez-vous bien ! Et écoutez ce que j’ai à vous dire ! Mais surtout n’oubliez pas : vous ne devez en aucun cas vous dérober en cours de récit, car l’histoire meurt si on la quitte avant la fin….



…Notre histoire commence il y a si longtemps que personne aujourd’hui ne peut se souvenir du temps qu’il faisait ce jour-là. C’était un temps si reculé que même la grande Histoire des hommes en oublia l’existence. C’était le temps où les hommes avaient plus peur de l’eau que du feu. C’était au temps où pas un d’entre eux, et je dis bien pas un au monde, n’avait encore eu l’audace de s’aventurer sur l’immensité bleutée.

Oh, certes, à la veillée, le soir, le père Riwal racontait bien tantôt l’histoire de Saïg, le premier à avoir osé mangé un poisson marin, où tantôt celle de Suliag, le premier homme à avoir pris un bain de mer sans s’y noyer, mais ceci, ceci est une autre histoire que je vous conterai peut-être un jour. Cependant personne, certes non personne, ne pouvait se vanter d’avoir osé chevaucher un océan.

Jusqu’au jour où, dans la petite commune de Loquirec, naquit un garçon du nom d’Eliez Tallec. Ce dernier était subjugué par la grande bleue. Il était comme hypnotisé. C’était comme si cette grande mare interminable agissait sur lui une attraction digne de celle d’un aimant. Quand j’y repense encore aujourd’hui je crois vraiment que le mot aimant est le plus approprié tant il paraissait évident que le jeune homme était tombé amoureux de la mer.
marianne80 a écrit:
Ayant durant toute son enfance observé les mouvements des vagues, ayant décortiqué les phénomènes des marées, ayant compris en premier que la mer ne changeait pas de couleur selon l’humeur des Dieux mais selon la couleur du ciel, Eliez se mit à abattre les plus beaux arbres de la forêt avoisinante pour construire une embarcation assez robuste pour pouvoir le mener sur toutes les eaux du monde. Il avait bien remarqué qu’un morceau de bois avait cette particularité de rester à la surface de l’eau et ce quelle que soit sa taille et quelle que soit son poids.


Il lui fallut cinq ans pour enfin réaliser un bateau suffisamment grand pour les porter, lui et son meilleur ami, Mériadeg Mazheaz. Heureusement qu’il était là celui-là, car si Eliez n’avait pu partager sa passion avec quelqu’un, sans doute aurait-il abandonné par désespoir. Mériadeg avait le don de lui redonner l’envie d’aller plus loin. D’ailleurs ce fut le cas le jour de notre rencontre quand en marchant sur la petite plage non loin du bourg de Loquirec je vis de mes propres yeux les deux jeunes gens préoccupés par leur mystérieuse embarcation.

Visiblement ils n’étaient pas d’accord et Eliez brassait l’air avec de si grands mouvements de bras qu’il en aurait fait tourner les moulins à vent de la Pointe du Raz. Meriadeg, beaucoup plus flegmatique, se contentait de répondre avec un calme qui énervait d’autant son jeune ami.


-« Tu dis n’importe quoi Mériadeg ! Comment veux-tu que ça marche ! » Hurla Eliez.

-« Essaye et tu verras. » Dit calmement Mériadeg.

-« A quoi bon essayer ! C’est tout vu ! Si je veux tourner à droite, je tourne le morceau de bois vers la droite ! C’est tout ! »

-« Cela ne marchera pas. » Répondit lentement Mériadeg.

-« Je ne te comprends pas ! Pourquoi veux-tu toujours tout compliquer ? Pourquoi vouloir pousser à gauche pour aller à droite ? C’est idiot ! Regarde ! Quand je pousse vers l’avant cela va vers l’avant ! » Dit-il en poussant du doigt un galet, « le galet ne part pas en arrière. »

-« Bonjour Jeunes gens ! » Avais-je lancé. « Pourquoi vous querellez-vous ainsi par une si belle journée ? Je peux peut-être vous aider à vous mettre d’accord. »

-« Je ne crois pas ! » Me répondit Mériadeg dans son calme légendaire.

-« Oh vous savez j’ai beaucoup voyagé. J’ai vu des choses que vous n’imagineriez même pas. Alors, peut-être suis-je l’homme le plus indiqué pour vous aider. »

-« Avez-vous déjà été là-bas ? » Me demanda Eliez en me montrant du doigt l’océan.

-« Bien sûr que non, personne n’y a jamais été. »

-« Alors vous ne pouvez pas nous être d’un grand secours, car c’est là que nous comptons aller. »

-« Pourquoi ne pas en faire l’essai ? » Rajouta Meriadeg.

-« Essayer ? Euh… ! Tu es fou ? On ne va pas aller comme ça sur l’eau, à la nuit tombée, sans en être bien sûr ! »

-« Mais non ! » Reprit Mériadeg en se dirigeant vers un petit sac de toile posé à même le sable.

-« Je n’y comprends plus rien ? Comment essayer sans y aller ? Tu es de moins en moins clair Mériadeg.»

-« Nous approchons du but mon bon ami. Le départ est proche. Alors, pour être bien sûr que nous ne faisons pas une bêtise, en cachette j’ai construit ceci. »

Et Mériadeg sortit alors de son sac une petite coque en bois de quinze centimètres. C’était la reproduction en miniature à l’identique de celle que les deux compères avaient construite pour les emmener.
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MessageSujet: Re: Cours de légendes bretonnes   Cours de légendes bretonnes Icon_minitimeVen 2 Mar - 4:21

marianne80 a écrit:
-« Avec ceci, » dit-il, « nous allons pouvoir faire tous les essais dont nous avons besoin. »

-« Mais comment ? Si nous la mettons sur l’eau, elle risque de s’en aller, comment ferons-nous pour la récupérer ? »

-« Et si nous allions l’essayer sur le lavoir de Penbihan. Là-bas l’eau est calme et peu profonde ? » Proposa Mériadeg.

-« Le lavoir de Penbihan…, mais…, c’est que…, tu oublies que personne n’y va plus depuis que Katell Scavennec prétend y avoir vu les spectres des lavandières au coucher du soleil ! » Murmura Eliez peu rassuré.

-« Pfff ! Ne dis donc pas de bêtises ! »

-« Quand même ! On ne rigole pas avec ces choses là ! »

-« Moi je crois surtout que la Katell elle boit beaucoup trop depuis le décès de son époux. Tu ne vas quand même pas me dire que tu crois à toutes ces fadaises. Pas toi ! Pas le grand aventurier qui se prépare à dompter les océans du monde. »

-« C’est à dire que…, non bien sûr…, je n’y crois pas, euh…, enfin…, les lavandières…, c’est quand même bien connu qu’il vaut mieux les éviter…, surtout le soir, quand elles viennent laver les linceuls des morts. »

-« Crois-moi Eliez, s’il y avait eu des lavandières au lavoir de Penbihan, nous n’aurions pas attendu que Katell les voit pour le savoir. »

-« Certes, tu as sans doute raison ! »

-« Allez ! Allons-y ! » Dit Mériadeg en balançant son capuchon sur son épaule.

-« Quoi ? Maintenant ? Mais il va bientôt faire nuit ! Cela pourrait peut-être attendre demain ? » Répondit un Eliez de moins en moins à l’aise.

-« Laisse tomber ses bêtes croyances, Y’a pas plus de lavandières là-bas que d’intelligence dans la caboche du père Younick ! »

-« Nous accompagnerez-vous monsieur ? » Me demanda Eliez.

-« Ma foi, pourquoi pas, je n’ai rien d’autre à faire et il me tarde de voir fonctionner cet appareil. »

-« Les lavandières ne vous font donc pas peur ? »

-« Oh mon bon Eliez, j’ai rencontré dans ma vie des personnages bien plus dangereux que les lavandières et je suis toujours là. Alors, pourquoi aurais-je peur de quelques vieilles femmes ? »

La main dans ma poche je ne pouvais m’empêcher en prononçant ses mots, de tenir bien fermement ma petite flûte porte-bonheur, celle que m’avait donnée un korrigan le jour où la mort est née, mais ceci il me semble vous l’avoir déjà conté.



-« Dans ce cas allons-y, après tout que pourrait bien faire ces spectres à trois gaillards comme nous ? » Reprit Eliez pour se rassurer.



Et nous nous rendîmes au lavoir de Penbihan. Mériadeg fit son petit test qui prouva à Eliez qu’il avait bien raison. Mais ce dernier, guère rassuré, ne semblait plus s’intéresser à la question. Afin de parfaire le test, Mériadeg avait pris soin de poser dans sa maquette deux galets sensés les représenter. Par jeu, j’en avais pris un troisième que je posai dedans la coquille de bois, celle-ci continua à flotter.

-« Dois-je comprendre que vous désiriez nous accompagner ? » Me demanda Mériadeg.

-« J’avoue que l’aventure me tente. Moi qui aie déjà fait le tour de la terre pourquoi ne ferais-je pas maintenant celui de la mer ! »



A ce moment nous entendîmes comme des murmures ressemblant à des voix de femmes, une musique lugubre sembla se dégager du mouvement des arbres, le fond du lavoir se mit bizarrement à se colorer d’une couleur vert pale. Eliez Cria :



-« Les Lavandières ! »

Je peux vous assurer que nous n’attendîmes pas d’avoir la confirmation de cette affirmation. Nous partîmes aussi vite que possible sans demander notre reste.



Le lendemain matin, l’incident fut vite oublié. Les deux compères m’avaient réveillé de bonne heure. Ils avaient déjà chargé victuailles et matériels dans l’embarcation. Celle-ci ne faisant guère plus de quatre mètres de long et deux de large, nous n’avions pas la place pour amener grand chose d’autre que nous-même. En dehors du gouvernail fabriqué par Meriadeg, nous disposions de deux fines planches en guise de rames sensées nous aider à nous mouvoir.



Tandis que nous mettions la barque à l’eau, l’heure était grave et d’importance. Pour la première fois depuis la création de l’humanité des hommes allaient se mouvoir sur les océans. Pour lui en garder tout le mérite, nous avions laissé Eliez monter dans le bateau tandis que Mériadeg et moi-même le poussions hors du rivage. Une fois celui-ci à flots, nous embarquâmes à notre tour afin de rejoindre Eliez, le premier marin au monde.



Bien qu’hésitant dans les premiers instants, notre trio prit petit à petit plus d’assurance, et après une heure de manœuvres effectuées à moins de vingt mètres du rivage, nous décidâmes de pousser jusqu’à toucher la ligne d’horizon.



Nous avancions, nous avancions, nous avancions, mais l’horizon semblait toujours plus loin. Le soleil continuait sa course dans le ciel pendant que nous poursuivions la notre sur la mer. Alors que le soleil commençait à se coucher dans la mer face à nous, Eliez se retourna.

-« Mon Dieu ! » Cria-t-il au point de nous faire sursauter.

Nous nous retournâmes si prestement avec Mériadeg que la barque tangua dangereusement. Nous découvrîmes alors ce qui avait fait pousser un cri d’effroi à notre compagnon. La côte avait entièrement disparu. Nous avions beau regarder tout autour de nous, aussi loin que l’on puisse voir, il n’y avait plus que la seule et unique ligne d’horizon.



Soudain l’incroyable se produisit, au beau milieu de l’océan, un pieu sortait de l’eau. Que pouvait bien faire ce morceau de bois perdu au milieu de l’eau ? Je ne le saurai sans doute jamais, toujours est-il que pour ne pas dériver encore plus dans la nuit Eliez décida d’arrimer notre embarcation à ce corps-mort de fortune.



Pendant ce temps, et à des kilomètres de là, Katell Scavennec rentrait chez elle de chez sa sœur. Elle n’était vraiment pas rassurée, et pour cause, elle était obligée de prendre le chemin passant devant le lavoir de Penbihan. A peine fut-elle en vue du lavoir qu’elle se mit à courir droit devant elle le plus vite possible.



Une fois arrivée à l’orée du petit bois de Coat ar Lann, elle se retourna et jura bien plus tard qu’elle avait revu ce soir là de mystérieuses formes vertes translucides aux abords du lavoir.

Bien cachée derrière le feuillage touffu des arbres, Katell regarda la scène. Ensuite, elle raconta à tous ceux qui voulaient l’entendre dans le bourg de Loquirec comment elle avait vu l’une des lavandières planter un bout de bois au beau milieu du lavoir. Puis, une autre approcha, en tenant dans ses mains un drôle de petit objet en bois dans lequel il y avait trois galets.

A l’aide d’une ficelle, elle accrocha l’objet flottant au bâton planté. Puis, toutes les lavandières se positionnèrent autour du lavoir, se mirent à y tremper des linges blancs qu’elles frappèrent à l’aide de leur battoir, provoquant vagues et remous sur la surface de l’eau tandis qu’elles chantaient en boucle :



« Danse, Danse

Eliez, le marin

Danse, Danse

Meriadeg, le marsouin

Vous qui ne respectez rien

Même pas les lieux malsains.



Danse, Danse

Eliez, le marin

Danse, Danse

Meriadeg, le marsouin

Et que la mer enfin

Vous avale jusqu’au bout des mains. »


Aucun de nous trois ne l’avait vraiment vue venir, mais en l’espace de quelques minutes une tempête, que dis-je, un ouragan, avait grandit sur nous La barque était ballottée dans tous les sens. Et c’est là que je le vis venir, lui, celui qui me traque depuis le commencement, l’Ankou. Il marchait sur l’eau, guidant son cheval et sa vieille charrette. Même l’océan est son domaine pensais-je alors.




J’eus juste le temps d’attraper ma flutte enchantée, et d’y souffler les trois notes de musique qui me permirent de m’évader une fois de plus vers un nuage, bien à l’abri du sombre valet de la mort.

De là-haut, Je pus assister, impuissant, à la triste fin de Mériadeg et d’Eliez. La barque chavira, et je les vis sombrer dans la mer tout doucement jusqu’à ce que leurs mains tendues vers moi ne disparaissent à tout jamais. L’Ankou mit la tête dans l’eau et en ressortit deux âmes qu’il jeta dans le fond de sa charrette avant de disparaître aussi soudainement qu’il était venu. La tempête s’apaisa en un instant. Je me laissai porter au gré du vent jusqu’à ce que le nuage me ramène vers la terre ferme.

Voilà, c’était la triste histoire d’Eliez, le premier marin. Est-ce depuis ce jour que les marins sont aussi superstitieux ? Sans doute. Est-ce depuis ce jour qu’ils baptisent leur bateau pour s’assurer la protection des vents ? Je le crois. Toujours est-il que depuis ce jour, au beau milieu de l’océan, il y une petite barque accrochée à un drôle de corps-mort. Et si par hasard vous étiez amenés à la rencontrer, surtout ne montez pas à bord, car les lavandières sont toutes aussi immortelles que ne l’est votre serviteur, le seul et unique…



…Yaouen Le Malin.
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MessageSujet: Re: Cours de légendes bretonnes   Cours de légendes bretonnes Icon_minitimeVen 2 Mar - 4:22

marianne80 a écrit:
La Légende de Gargantua

Gargantua vit le jour (comme chacun le sait) dans les landes de Frehel où il y oublia l'un de ses doigts (près du Fort La Latte ). Son dentier est resté sur le mont Garrot ( Saint Suliac). C'est lui aussi qui élargit la Rance et fit la "plaine de Mordreuc". Il connaissait bien Saint-Jacut où l'odeur des raies (raas) séchant l'incommodait beaucoup.

La plus mémorable rencontre eut lieu un jour qu'un "glao" (bateau jaguen à cul carré), chargé de belles raies, rentrait sur la Houle Chausseul.

L'eau lui vint à la goule. D'un geste prompt, il saisit la barque et avala le tout. Il n'avait pas estimé à leur juste poids les pierres de lest.

Il s'en alla au guildo vomir pêle-mêle bateau, raas (raies), marins et pierres. Ce sont ces fameuses Pierres Sonnantes qu'on peut encore voir sur la rive de l'Arguenon.
al1 a écrit:
Merci Mary
carlota a écrit:
tu crois que c'est en faisant de la lèche que tu auras des bonnes notes...
marianne80 a écrit:
Mais de rien Al1 Very Happy
euh... pas de léche botte dans mes cours ni de traitement de faveur Twisted Evil

Al1 me remercie souvent et cela me fait plaisir .
Gare aux heures de retenu sinon et de la corvé de tableau !!!

Allez Carlota corvé de tableau pendant une semaine :wink:
carlota a écrit:
Alors là je suis vexée!!!

Comment ça corvée de tableau!!! Je préfèrerais que tu me demandes d'apporter du chouchen pendant une semaine!!!! :wink:
marianne80 a écrit:
Bon... ok c'est bon pour cette fois :wink:
carlota a écrit:
Merci de ta clémence... de toute façon je suis allergique à la craie et à la poussière alors il va te falloir me trouver d'autres punitions :wink:
marianne80 a écrit:
Ouai ouai...
j'en ai d'autres en réserve t'inquiéte pas Twisted Evil
carlota a écrit:
Je n'en doute absolument pas :wink:

Je sais bien qu'il faut se méfier de la maryanne qui dort... elle peut être terrible Twisted Evil
marianne80 a écrit:
Hé oui...
Je peu être sévere quand il le faut Evil or Very Mad
carlota a écrit:
Là, tu fais limite sadique!!! :? Je commence à avoir peur :wink:
marianne80 a écrit:
Shocked un prof est limite sadique c'est pas de ma faute Embarassed
Mais quand je parlais de punition, je parlais a l'écris Rolling Eyes
Quelle idée quand méme tu me connais quand méme Laughing
carlota a écrit:
J'avais bien compris ça ma belle!!! Qu'est-ce que tu imagines :wink: Ce qui m'inquiète c'est juste la petite étoile que je vois briller au fond de ton oeil à la perspective de sévir!!!!! Laughing
marianne80 a écrit:
la petite étoile qui brille ce n'est pas pour ça rhoo!!
C'est parce que que je suis heureuse en générale, bon je punirais plus personne pour la peine, je vous irez dans le bureau du directeur Laughing
carlota a écrit:
Rappelle moi qui est le dirlo? Je ne sais pas si je vais vouloir aller dans son bureau... J'ai vite peur moi tu sais... :wink: ou alors tu me laisses demander la protection de mon chevalier servant!!
marianne80 a écrit:
Le Directeur c'est Korwen et non tu te mettre dans le pétrain toute seule donc tu te d'ébrouille Laughing
carlota a écrit:
bouhhhhhhhhh bon ben je boude alors...
Bioul a écrit:
pouh un jour je vais prendre mon courage a deux mains et je vais tout relire ! en totu cas bravo et feicitations encore mary c'est tres beau et tu ecris a un rythme effréné. Very Happy
carlota a écrit:
Qu'est-ce que tu crois... C'est qu'elle bosse notre Mary!
Bioul a écrit:
oui je vois je ne fais que voir Smile . Moi aussi je bosse .. mule , mule , mule calins , mule , repas , mule , mule ....
POuh je m'y connais a force Twisted Evil
marianne80 a écrit:
Merci Bioul!!
Boude pas Carlota c'est pas joli Laughing
et tu sais que je le ferais pasje suis bien trop gentille pour ça :wink:
De_Valendreuse a écrit:
mais oui, boude pas carlota. et puis, le dirlo, c'est pas korwen, c'est emuyl. mais en fait, c'est un peu les deux.
marianne80 a écrit:
Emuyl est la fondatrice de l'école et Korwen le dirlo :wink:
Annette a écrit:
je suis juste à côté, donc j entends déjà les rumeurs du village....
très beau cours mary!
j ai hâte de les suivre enfin!! (et surtout de boire en taverne!!)
bravo continue
marianne80 a écrit:
Merci Annette!!!!
quelles rumeurs?? Laughing
carlota a écrit:
D'abord je ne boude jamais :wink: . Pis là encore moins^^

Bon Maryanne on attend notre nouvelle légende^^
marianne80 a écrit:
Oui, oui je bosse mais bon j'ai d'autre occupations Laughing
Annette a écrit:
maintenant que je suis là je vais pouvoir suivre les cours...enfin!!!
marianne80 a écrit:
Tu es la bienvenue dans ma classe :wink:
Bioul a écrit:
Encore faut il arriver en cour a l'heure et pas bourrée :?
marianne80 a écrit:
ça vous arrive de ne pas étre bourré Shocked Laughing
carlota a écrit:
ça doit bien arriver de temps en temps^^!!! Moi en tout cas j'ai de très longue période de sobriété sinon je ne déguste plus ma cuite!!! :wink:
marianne80 a écrit:
Les seuls fois ou je vous vois sobre c'est le matin Laughing
Annette a écrit:
passe par là et entend la remarque de mary!
rhoo mais non! je suis sobre là encore!
mais viens en taverne quand tu veux que je montre comment on peut rester sobre très longtemps Rolling Eyes
marianne80 a écrit:
Je passe en taverne mais je vous vois jamais sobre c'est pas de ma faute Laughing
marianne80 a écrit:
UNE TERRE DE LEGENDE

L'âme bretonne a toujours incliné au rêve, au fantastique, au surnaturel. C'est ce qui explique l'étonnante abondance et la persistance des légendes au pays d'Armor. A partir du XIe siècle, les légendes du roi Arthur (ou les chevaliers de la Table Ronde dont les plus célèbres, Arthur, Lancelot et Parcival), de Merlin l'Enchanteur, de Viviane, de la fée Morgane et d'autres ont été localisées dans le forêt de Brocéliande, autour de Paimpont, au sud ouest de Rennes. La recherche du Saint Graal a donné naissance, au Moyen Age, à d'inépuisables récits d'aventures.


La Table Ronde
Après la mort du Christ, Joseph d'Arimathié, quitte la Terre Sainte en emportant quelques gouttes du sang divin dans la coupe, le Saint Graal où le Rédempteur a bu lors de la dernière Cène. Il débarque en Bretagne, séjourne en forêt de Brocéliande, puis disparaît sans laisser de trace: la précieuse coupe est perdue.

Au Ve siècle le roi Arthur, l'héros légendaire qui aurait mené les Celtes d'Angleterre au combat contre les envahisseurs saxons, institua la confrérie des meilleurs chevaliers du monde, les Chevaliers de la Table Ronde. En effet, il prenaient place autour d'une table ronde afin d'éviter toute querelle de préséance. Un siège vide - appelé siège périlleux car nul autre que l'élu ne pouvait y rester assis - était réervé au chevalier au coeur pur qui trouverait le Saint Graal. Plusieurs chevaliers partirent à sa recherche: Lancelot, Gauvain ou encore Perceval.

Lancelot du Lac, appelée ainsi parce qu'il avait été élevé par Viviane, la fée du lac, est un des principaux héros du cycle arthurien. Devenu l'amant de la reine Guenièvre, cet amour exalta en lui des vertus chevaleresques, mais le rendit indigne de conquérir le Graal. Perceval, le chevalier au coeur simple, vit le Graal mais n'osa pas poser à son sujet la question qui aurait sauvé le monde.
al1 a écrit:
Merci Mary
Annette a écrit:
vraiment chouette Mary!!
Annette restait toute émerveillée devant les belles histoires...
LANCLOT128 a écrit:
c'était vraiment cool bonne continuation a toi mais au fait a quand la légende sur lanclot de la marre?parceque ok lancelot du lac c'était un héros mais bon... Laughing Laughing
super ton cours en tout cas!
carlota a écrit:
J'adoooore comme d'hab...
Merci Mary
marianne80 a écrit:
Merci les amis Very Happy pour lanclot de la marre ça je sais pas mais j'ai une idée invinte une légende sur toi ou fait une grande action et la promis je la raconterais Laughing :wink:
Bioul a écrit:
Une ptite legende sur l'ankou , bien breton

Le char de la mort

C'était un soir, en juin, dans le temps qu'on laisse les chevaux dehors toute la nuit.
Un jeune homme de trézélan était allé conduire les siens aux près. Comme il s'en revenait en sifflant, dans la claire nuit, car il y avait grande lune, il entendit venir à l'encontre de lui, par le chemin, une charrette dont l'essieu mal graissé faisait : Wik! wik!

Il ne douta pas que ce ne fût karriguel ann Ankou (la charrette, ou mieux la brouette de la Mort).
- A la bonne heure, se dit-il, je vais donc voir enfin de mes propres yeux cette charrette dont on parle tant!
Et il escalada le fossé où il se cacha dans une touffe de noisetiers. De là il pouvait voir sans être vu.

La charrette approchait. Elle était traînée par trois chevaux blancs attelés en flèche. Deux hommes l'accompagnaient, tous deux vêtus de noir et coiffés de feutres aux larges bords. L'un d'eux condusait par la bride le cheval de tête, l'autre se tenait debout à l'avant du char.

Comme le char arrivait en face de la touffe de noisetiers où se dissimulait le jeune homme, l'essieu eut un craquement sec.
- Arrête ! dit l'homme de la voiture à celui qui menait les chevaux .
Celui-ci cria: Ho! et tout l'équipage fit halte.
- La cheville de l'essieu vient de casser, reprit l'Ankou. Va couper de quoi en faire une neuve à la touffe de noisetiers que voici.
- Je suis perdu! pensa le jeune homme qui déplorait bien fort en ce moment son indiscrète curiosité.

Il n'en fut cependant pas puni sur-le-champ. Le charretier coupa une branche, la tailla, l'introduisit dans l'essieu, et, cela fait, les chevaux se remirent en marche. Le jeune homme put rentrer chez lui sain et sauf, mais, vers le matin, une fièvre inconnue le prit, et le jour suivant, on l'enterrait.
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Annette




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MessageSujet: Re: Cours de légendes bretonnes   Cours de légendes bretonnes Icon_minitimeVen 2 Mar - 4:23

Bioul a écrit:
encore une ...

L'histoire du forgeron

Fanch ar Floc'h était forgeron à Ploumilliau. Comme c'était un artisan modèle, il avait toujours plus de travail qu'il n'en pouvait exécuter. C'est ainsi qu'une certaine veille de Noël, il dit à sa femme après le souper:
- Il faudra que tu ailles seule à la messe de minuit avec les enfants : moi, je ne serai jamais prêt à t'accompagner : j'ai encore une paire de roues à ferrer, que j'ai promis de livrer demain matin, sans faute, et, lorsque j'aurai fini, c'est, ma foi de mon lit que j'aurai surtout besoin,.

A quoi sa femme répondit :
- Tâche au moins que la cloche de l'Elevation ne te trouve pas encore travaillant.
- Oh! fit-il, à ce moment-là, j'aurai déjà la tête sur l'oreiller.

Et, sur ce, il retourna à son enclume, tandis que sa femme apprêtait les enfants et s'apprêtait elle-même pour se rendre au bourg, éloigné de près d'une lieue, afin d'y entendre la messe. Le temps était clair et piquant, avec un peu de givre. Quand la troupe s'ébranla, Fanch lui souhaita bien du plaisir.

- Nous prierons pour toi, dit la femme, mais souviens-toi, de ton côté, de ne pas dépasser l'heure sainte.
- Non, non. Tu peux être tranquille.

Il se mit à battre le fer avec ardeur, tout en sifflotant une chanson, comme c'était son habitude, quand il voulait se donner du coeur à l'ouvrage. Le temps s'use vite, lorsqu'on besogne ferme. Fanch ar Floc'h ne le sentit pas s'écouler. Puis, il faut croire que le bruit de son marteau sur l'enclume l'empêcha d'entendre la sonnerie lointaine des carillons de Noël, quoiqu'il eût ouvert tout exprès une des lucarnes de la forge. En tout cas, l'heure de l'Elevation était passée, qu'il travaillait encore. Tout à coup, la porte grinça sur ses gonds.

Etonné, Fanch ar Floc'h demeura, le marteau suspendu, et regarda qui entrait.
- Salut ! dit une voix stridente.
- Salut ! répondit Fanch.

Et il dévisagea le visiteur, mais sans réussir à distinguer ses traits que les larges bords rabattus d'un chapeau de feutre rejetaient dans l'ombre. C'était un homme de haute taille, le dos un peu voûté, habillé à la mode ancienne, avec une veste à longues basques et des braies nouées au-dessus du genou. Il reprit, après un court silence:

- J'ai vu de la lumière chez vous et je suis entré, car j'ai le plus pressant besoin de vos services.
- Sapristi! dit Fanch, vous tombez mal, car j'ai encore à finir de ferrer cette roue, et je ne veux pas, en bon chrétien, que la cloche de l'Elévation me surprenne au travail.
- Oh ! fit l'homme, avec un ricanement étrange, il y a plus d'un quart d'heure que la cloche de l'Elévation a tinté.
- Ce n'est pas Dieu possible! s'écria le forgeron en laissant tomber son marteau.
- Si fait ! repartit l'inconnu. Ainsi que vous travailliez un peu plus, ou un peu moins!... D'autant que ce n'est pas ce que j'ai à vous demander qui vous retardera beaucoup; il ne s'agit que d'un clou à river.

En parlant de la sorte, il exhiba une large faux, dont il avait jusqu'alors caché le fer derrière ses épaules, ne laissant apercevoir que le manche, que Flanch ar Floc'h avait, au premier aspect, pris pour un bâton.

- Voyez, continua-t-il, elle branle un peu : vous aurez vite fait de la consolider.
- Mon Dieu, oui ! Si ce n'est que cela , répondit Fanch, je veux bien.

L'homme s'exprimait, d'ailleurs, d'une voix impérieuse qui ne souffrait point de refus. Il posa lui-même le fer de la faux sur l'enclume.

- Eh ! mais il est emmanché à rebours, votre outil ! observa le forgeron. Le tranchant est en dehors! Quel est le maladroit qui a fait ce bel ouvrage?
- Ne vous inquiétez pas de cela, dit sévèrement l'homme. Il y a faux et faux. Laissez celle-ci comme elle est et contentez-vous de la bien fixer.
- A votre gré, marmonna Fanch ar Floc'h, à qui le ton, du personnage ne plaisait qu'à demi.

Et, en un tour de main, il eut rivé un autre clou à la place de celui qui manquait.
- Maintenant, je vais vous payer, dit l'homme.
- Oh ! ça ne vaut pas qu'on en parle.
- Si ! tout travail mérite salaire. Je ne vous donnerai pas d'argent, Fanch ar Floc'h, mais, ce qui a plus de prix que l'argent et que l'or: un bon avertissement. Allez vous coucher, pensez à votre fin, et, lorsque votre femme rentrera, commandez-lui de retourner au bourg vous chercher un prêtre. Le travail que vous venez de faire pour moi est le dernier que vous ferez de votre vie. Kénavô! (Au revoir.)

L'homme à la faux disparut. Déjà Fanch ar Floc'h sentait ses jambes se dérober sous lui : il n'eut que la force de gagner son lit où sa femme le trouva suant les angoisses de la mort.

- Retourne, lui dit-il, me chercher un prêtre.
Au chant du coq, il rendit l'âme, pour avoir forgé la faux de l'Ankou.
Bioul a écrit:
encor et encore des histoires :

La route barrée

Trois jeunes gens, les trois frères Guissouarn, du village de l'Enès, en Callac, revenaient d'une veillée d'hiver dans une ferme assez éloignée de chez eux. Pour rentrer, ils avaient à suivre quelques temps l'ancienne voie royale de Guingamp à Carhaix. Il faisait temps sec et claire lune, mais le vent d'est soufflait avec violence.
Nos gars, que le cidre avait égayés, chantaient à tue-tête, s'amusant à faire résonner leurs voix plus fort que le vent. Soudain, ils virent quelque chose de noir au bord de la douve. C'était un vieux sécot de chêne que la tempête avait déraciné du talus.

Yvon Guissouarn, le plus jeune des trois frères, qui avait l'esprit enclin à la malice, imagina un bon tour.
- Savez-vous ? dit-il, nous allons traîner cet arbre en travers de la route, et, ma foi, s'il survient quelque roulier après nous, il faudra bien qu'il descende de voiture pour déplacer l'arbre s'il veut passer.
- Oui, ça lui fera faire de beaux jurons, acquiescèrent les deux autres.

Et les voilà de traîner le sécot de chêne en travers du chemin. Puis, tout joyeux d'avoir inventé cette farce, ils gagnèrent le logis. Ils ne couchaient pas dans la maison. Pour être plus à portée de soigner les bêtes, tous trois avaient leurs lits dans la crèche aux chevaux. Comme ils avaient veillé assez tard et qu'ils avaient en plus la fatigue d'une journée de travail, ils ne furent pas longs à s'endormir. Mais, au plus profond de leur premier somme, ils furent réveillés en sursaut. On heurtait avec bruit à l'huis de l'étable.

- Qu'est-ce qu'il y a? demandèrent-ils en sautant à bas de leurs couchettes.
Celui qui frappait se contenta de heurter à nouveau, sans répondre.

Alors l'aîné des Guissouarn courut à la porte et l'ouvrit toute grande : il ne vit que la nuit claire, n'entendit que la grosse haleine du vent. Il essaya de refermer la porte, mais ne put. Les forces de ses frères réunies aux siennes ne purent pas d'avantage. Alors, ils furent saisis du tremblement de la peur et dirent d'un ton suppliant :
- Au nom de Dieu, parlez! Qui êtes-vous et qu'est-ce qu'il vous faut ?

Rien ne se montra, mais une voix sourde se fit entendre, qui disait :
- Qui je suis, vous l'apprendrez à vos dépens si, tout à l'heure, l'arbre que vous avez mis en travers de la route n'est pas rangé contre le talus. Voilà ce qu'il me faut. Venez.

Ils allèrent tels qu'ils étaient, c'est-à-dire à moitié nus, et confessèrent par la suite qu'ils n'avaient même pas senti le froid, tant l'épouvante les possédait tout entiers. Quand ils arrivèrent près du corps de l'arbre, ils virent qu'une charrette étrange, basse sur roues, attelée de chevaux sans harnais, attendait de pouvoir passer. Croyez qu'ils eurent tôt fait de replacer le sécot de chêne à l'endroit où ils l'avaient trouvé abattu. Et l'Ankou - car c'était lui - toucha ses bêtes, en disant :

- Parce que vous aviez barré la route, vous m'avez fait perdre une heure : c'est une heure que chacun de vous me devra. Et si vous n'aviez pas obéi incontinent à mon injonction, vous n'auriez dû autant d'années de votre vie que l'arbre serait resté de minutes en travers de mon chemin.
marianne80 a écrit:
Superbe Bioul!!!
merci
Mary a écrit:
L'OR DE CHAT

Au pays de Saint-Malo, il y avait naguère plus de fées dans la mer et sur les grèves qu'on ne comptait de bergères dans les landes.
Un soir de lune, une troupe de fées se livraient à la danse ronde. Il arriva que douze jeunes gens étaient en fête, quand ils furent un peu chauds de boire, ils décidèrent d'aller inviter à la contredanse les belles fées de la grève.
Mais, au cours de la danse, elles s'aperçurent que les garçons avaient le souffle court et les jambes de laine, et elles entrèrent en fureur. D'un coup de leur baguette, elles changèrent les malappris en six gros matous noirs et six chattes blanches.
Quand elles virent les pauvres animaux miauler de détresse, la bonté naturelle des fées de Saint-Malo leur attendrit le coeur, et elles promirent aux farauds de les rétablir dans leur forme première aussitôt qu'ils auraient filé, pour chacune d'elles, un manteau d'or et une robe d'argent tissés dans le seul mica de la grève.
La tâche n'eut pas été longue si les fées n'avaient précisé qu'ils ne pourraient filer que durant les douze coups de minuit.
Les six matous et les six chattes se mirent au travail sans attendre. Lorsque toutes les fées furent habillées, elles frappèrent les chats de leur baguette et en refirent des humains. On ne dit pas si plusieurs siècles avaient passés sur leur tête.

Ce qui est sûr, c'est qu'il est très rare de voir de vrais chats s'égarer sur le sable de mer. A Saint-Malo, pourtant, "argent de chat" est le nom du mica gris. Quand ce mica s'allume d'un reflet blond, il devient "l'or de chat", dont se tissait jadis le manteau d'apparat des Dames de la Mer.


Extrait de Légendes de la Mer de Pierre-Jakez Hélias
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Cours de légendes bretonnes
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